Des centaines d'adhérents à ces syndicats ont été interpellés et embarqués de force dans des fourgons de police et des bus de l'Etusa réquisitionnés pour la circonstance, avant d'être, finalement, relâchés. Le sit-in auquel ont appelé les 12 syndicats autonomes des secteurs de l'administration, de l'éducation et de la santé, ainsi que certaines organisations syndicales du secteur économique, prévu hier à la place des Fusillés (Ruisseau) à Alger, a été empêché par les forces de l'ordre qui ont, très tôt le matin, quadrillé les lieux, procédant à des interpellations de centaines de syndicalistes. Parmi les syndicalistes arrêtés, le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), Lyès Merabet, le SG du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte), Abdelkrim Boujenah, et le coordinateur national du Syndicat des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapeste), Meziane Meriane, ainsi que le SG du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela), Idir Achour. Les adhérents à ces syndicats ont, par centaines, eux aussi, été interpellés et embarqués de force dans des fourgons de police et des bus de l'Etusa réquisitionnés pour la circonstance, avant d'être, finalement, relâchés à la gare routière du Caroubier. Les syndicalistes, qui ont échappé aux policiers, ont, quant à eux, tenu un rassemblement au cours duquel ils ont exprimé leur colère. Même là, un dispositif policier et des bus pour les évacuer les attendaient à la sortie. Retranchés au siège de l'Unpef, les syndicalistes en colère scandaient, dans un mégaphone, des slogans tels que "syndicats libres et démocratiques", "syndicalistes courageux", et entonnaient des chants patriotiques. Meziane Meriane, qui nous a confirmé avoir été relâché, à Bou Ismaïl, révèle : "Nous avons passé toute la matinée debout au commissariat de Zéralda. Les syndicalistes ont fait l'objet de méthodes musclées." Pourtant, dit-il, "nous avons choisi la voie la plus pacifique pour exprimer nos revendications, à savoir la préservation du pouvoir d'achat, la défense des libertés syndicales, ainsi que le dossier de la retraite et du code du travail. Malheureusement, maintenant qu'on nous empêche de nous exprimer de cette façon, où personne n'est pénalisé, parmi les élèves et les malades, on nous pousse donc à des arrêts de travail. Et la responsabilité entière incombe au gouvernement." "Les chiffres officiels de la police font état de 350 arrestations. Toutes les voitures immatriculées en dehors d'Alger et les cars ont été refoulés. Nous allions réussir notre sit-in, car des camarades venus de Tamanrasset, de Tindouf, ont répondu à l'appel de l'intersyndicale", a-t-il ajouté. Pour sa part, le SG de l'Union nationale des personnels des travailleurs de l'éducation et de la formation (Unpef), Sadek Dziri, qui était entouré à la tribune du président du Cnapest et du SG du syndicat des imams, cachait mal sa colère devant le traitement réservé par les forces de l'ordre à l'action des syndicalistes "venus exprimer pacifiquement leurs revendications". En dénonçant, au nom de l'Intersyndicale, la répression des libertés syndicales, le SG de l'Unpef a estimé que "les libertés syndicales seront en danger, si on ne nous laisse pas nous exprimer pacifiquement". Et ce, avant d'expliquer : "Nous ne sommes pas du genre à brûler les pneus, ou à fermer les routes. Nous sommes des syndicats responsables, nous exprimons les inquiétudes de travailleurs à travers des manifestations pacifiques, au sein de l'intersyndicale." En déplorant l'absence de dialogue, l'orateur a rappelé, dans ce sens, que "née en juin 2016, l'intersyndicale a tenu son 1er sit-in national le 27 novembre de l'année dernière qui a suscité la même réaction, s'ensuivront alors, une grande marche à Tizi Ouzou et une autre à Béjaïa le 1er mai, ainsi que des sit-in nationaux, régionaux pour dénoncer la non-ouverture d'un dialogue. Bien qu'il y ait eu l'ouverture d'un dialogue le 16 janvier dernier avec le ministre du Travail qui s'est engagé, au nom du gouvernement, à ouvrir une nouvelle page et à aller vers le dialogue social, nous n'avons reçu aucune réponse à nos correspondances et communiqués". Amar R. [email protected]