L'italien Enel veut resituer le contexte de renégociations des contrats gaziers à long terme avec Sonatrach, posant un préalable, celui de ne pas lier le prix du gaz aux cours du pétrole dans les discussions relatives au renouvellement de contrats. Cela ressort des déclarations faites par Francesco Starace, président-directeur général de l'entreprise italienne à Reuters. M. Starace a expliqué que les contrats à long terme d'importation de gaz d'Enel avec l'Algérie ont commencé à expirer cette année et que "nous sommes en pourparlers pour les renouveler". Il a également précisé que "notre intention n'est pas de les annuler mais de les remplacer par des contrats différents qui ne seront plus liés au prix du pétrole". Et d'indiquer que des contrats d'approvisionnement en gaz à long terme signés il y a 20 à 25 ans devraient être renégociés au cours des cinq prochaines années. Il s'est gardé, toutefois, de divulguer la valeur des contrats algériens en cours de négociation. L'Algérie est l'un des principaux fournisseurs en gaz de l'Italie. Le premier contrat à long terme a été signé par Sonatrach en octobre 1994 avec le groupe Enel, en vue de l'achat de gaz sur 20 ans. L'accord portait sur la livraison de 4 milliards de mètres cubes de gaz chaque année à partir de 1995. En 2006, un nouvel accord a ensuite été conclu pour la réalisation d'un gazoduc reliant l'Algérie à la Toscane en Italie. Enel fait partie des partenaires traditionnels de Sonatrach. Il a été cependant constaté que ce partenariat aura perdu de son intérêt, ces dernières années, et qu'Enel s'est relativement désengagée de l'Algérie. La preuve, le dernier Conseil des ministres a adopté l'accord portant sur la cession de parts au groupement Sud-Est Illizi. L'accord consiste dans le transfert à titre gracieux au profit de Sonatrach des parts détenues par les sociétés étrangères Enel et GDF Suez sur ce champ du Sud-Est Illizi. En vertu de cet avenant, Sonatrach détiendra 64,5% des parts sur ce champ alors que la société espagnole Repsol en possédera 35,5%. Ce contrat avait été signé le 17 janvier 2010 entre Alnaft, Sonatrach et les sociétés Enel (Italie), Repsol (Espagne) et GDF Suez (France) pour l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures sur le périmètre dénommé Sud-Est Illizi, blocs 232 et 241.a. Sur ce périmètre, Sonatrach s'est ainsi séparée de son partenaire italien. Elle va certainement le garder dans son giron commercial, quitte à faire des concessions sur les prix du gaz. Du reste, la compagnie nationale semble avoir commencé à lâcher du lest sur les contrats à long terme, sous la direction de son nouveau P-DG. Lors de son intervention à la conférence Oil and Money qui s'est tenue récemment à Londres, M. Ould Kaddour a, en effet, levé un coin du voile sur la nouvelle stratégie de l'entreprise qu'il dirige en matière d'exportation gazière. Il a ainsi révélé que les contrats à long terme et l'indexation sur le pétrole "ne sont plus de mise". Et, d'ajouter que Sonatrach a déjà commencé à réfléchir aux moyens de renégocier ses contrats à long terme avec les clients européens, car la majorité de ces contrats expirent d'ici à l'an 2021. De fait, M. Ould Kaddour s'apprête à démanteler un mécanisme vieux de plus de trente ans et qui ne convient plus à ses clients. Il a indiqué que les nouveaux accords avec les entreprises "ne seront pas indexés sur les prix du pétrole et ne porteront pas sur le long terme". Youcef Salami