Huit ans de prison contre Bachir Frik et Laoufi Cheikh Tayeb. 5 ans de réclusion contre Bellas Hassen. 3 ans contre Makhloufi Chabane. Enfin un acquittement au profit du Dr Bouarfa Abdelkader. Tel est le verdict rendu hier par le tribunal criminel d'Alger à l'issue de 7 jours de procès non-stop. Le verdict jugé lourd par toute l'assistance est tombé tel un couperet sur les accusés qui ont écouté la décision de justice les yeux rivés au sol. Debout au box, les 5 accusés sont demeurés immobiles durant tout le temps de la lecture des questions et des réponses par le tribunal. Ils ont gardé la même attitude lors de l'énoncé du verdict à la seule différence qu'à chaque fois qu'un nom est annoncé, le concerné se redresse pour ne rien rater de la décision de justice. Les membres des familles des accusés ont quitté la salle d'audience sitôt le verdict prononcé. Le fils de Bachir Frik ne pouvait retenir ses larmes. Il est réconforté par des amis. Maître Aït Larbi Mokrane avait axé sa plaidoirie sur “le complot ourdi contre son client par l'ex-commissaire divisionnaire d'Oran”. Il mettra l'accent sur le déclenchement de l'enquête. “Cette enquête a été déclenchée par le commissaire divisionnaire. Mieux encore, dans une correspondance le wali a demandé l'ouverture d'une enquête approfondie. Or, il n'a pas le droit de donner des instructions à la police”, plaide-t-il. Il rappelle que seuls le ministre de l'Intérieur et le Chef du gouvernement peuvent apprécier le travail d'un wali. “Un autre wali ne peut en aucun cas demander à la police d'ouvrir une enquête et de se constituer partie civile ensuite”, ajoute-t-il. Il rappellera les déclarations du directeur de réglementation et de l'administration générale (DRAG) qui avait affirmé que le wali l'avait chargé d'aller au commissariat pour voir les PV de police. Pour cet avocat, si un wali signe un arrêté, il est facile de l'annuler. “Si M. Frik a signé des arrêtés, il aurait suffi d'aller devant la chambre administrative pour les annuler. Il n'y a nullement lieu de donner à cette affaire une conséquence pénale”, explique-t-il. Il s'attaquera ensuite aux charges retenues contre son client. “Bachir Frik n'a à aucun moment dépassé son quota de 10%”, affirme-t-il. Quant au local accordé à sa femme, il s'étonnera que l'on reproche à un wali d'avoir mis à la disposition de son épouse un outil de travail pour gagner sa vie. “Depuis quand on met un wali en prison car il a donné un local à sa femme ?” ajoute-t-il. Il termine enfin sa plaidoirie en posant une autre question : “Pourquoi ne s'occupe-t-on que de la wilaya d'Oran et juste de la période durant laquelle Bachir Frik était wali ?” Maître Miloud Brahimi, plaidant pour Bachir Frik, abondera dans le même sens et estimera que son client n'a à aucun moment enfreint la loi. Le mandant de Laoufi, le directeur de l'agence foncière, plaide lui aussi le complot. Il affirmera que le commissaire divisionnaire s'est bien vengé de son client qui avait refusé de lui accorder un terrain en outrepassant les règlements en vigueur. “Mon client a demandé au commissaire de formuler une demande et d'attendre comme tout le monde la réunion du conseil d'administration. Le commissaire s'est bien vengé”, déclare Me Sidhoum. Les deux avocats du Dr Bouarfa, Mes père et fils, ont pour leur part écarté toute dilapidation de biens publics, car leur client installé dans le secteur privé n'a fait que revendre une parcelle de terrain qu'il a achetée. Tous les avocats de la défense ont demandé l'acquittement de leurs clients respectifs. S. I.