La Pharmacie centrale des hôpitaux, dépendant des fournisseurs, apprend-on de sources proches de cet établissement, aurait demandé une dérogation pour éviter une pénurie de médicaments. En vain. Depuis l'avènement de la crise financière, conséquence directe de la dégringolade des recettes pétrolières, les pouvoirs publics ne cessent d'innover en matière de mesures et autres dispositifs restrictifs en vue de réduire la facture des importations, les réserves de change étant en baisse constante. Dans ce sens, c'est la Banque d'Algérie, sur décision du Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a émis, le 22 octobre dernier, une instruction visant à durcir les conditions de domiciliation bancaire des opérations d'importation de tout bien et/ou de tout produit destinés à la revente en l'état, et ce, "30 jours avant toute expédition des marchandises à destination du territoire douanier algérien". Ladite instruction, immédiatement mise en œuvre, impose aux "entreprises importatrices de biens ou de produits destinés à la revente en l'état, sans exception, la domiciliation préalable des contrats entrant dans ce cadre au moins trente (30) jours avant la date d'expédition des marchandises et la constitution simultanée d'une provision financière à hauteur de 120% du montant à domicilier, quel que soit le mode de règlement (crédit documentaire et remise documentaire)". Première conséquence, plus d'un mois plus tard : l'obligation de pré-domiciliation de 30 jours avant l'expédition des marchandises rend impossible l'approvisionnement d'urgence par bien des opérateurs pris de court suite à la mise en application de cette mesure aussitôt décidée. C'est le cas, notamment, des importateurs de médicaments dont les marchandises commandées bien avant l'instruction de la Banque d'Algérie se trouvent, depuis, bloquées au niveau des Douanes algériennes, même après leur importation légale. La Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), dépendant des fournisseurs, apprend-on de sources proches de cet établissement, aurait demandé une dérogation pour éviter une pénurie de médicaments. En vain. Selon nos sources, la pénurie est même imminente. Du coup, les patients seront les premières victimes de cette mesure restrictive décidée par le gouvernement dans le seul souci de limiter la dépense en devises. Notre source précise que plusieurs lots, dont des anticancéreux indispensables au traitement du cancer du sein notamment, sont actuellement bloqués au niveau des douanes de l'aéroport d'Alger, alors que la PCH fait pression sur le fournisseur concerné pour l'approvisionner, étant donné que ses stocks arrivent bientôt à épuisement. Cela sans parler de l'augmentation des frais financiers (120%) n'ayant pas été intégrés par les fournisseurs locaux et qui devront donc trouver des solutions, avant de devoir augmenter les prix des produits importés. Ce qui affectera les marchés publics dans bien des secteurs, notamment dans celui de la santé où les prix des médicaments sont réglementés et figés. Le DG des laboratoires Mérinal, qui alerte également sur une rupture imminente de plusieurs médicaments, regrette, par ailleurs, que l'instruction de la Banque d'Algérie travaillerait davantage les intérêts des fournisseurs étrangers que ceux des opérateurs algériens, du fait qu'ils soient payés sans délais. (Lire l'entretien ci-dessous). Pour cet opérateur, l'un des premiers producteurs nationaux, la meilleure chose à faire pour anticiper les ruptures de stock de médicaments serait d'exonérer le secteur de cette mesure bancaire, le médicament, rappelle-t-il, n'étant pas un produit comme les autres... Farid Abdeladim