Même si elle refuse à se hasarder à quelques commentaires sur le procès de Bachir Frik, ex-wali d'Oran, dont le déballage devant le tribunal d'Alger a révélé au grand jour quelques facettes du mode de gestion à un haut niveau des institutions de l'Etat, la porte-parole du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, ne suggère pas moins qu'il y a des “non-dits” dans ce procès. “Je n'ai pas de commentaire à faire sur le déroulement du procès. J'ai lu les comptes rendus de presse, mais je ne pense pas que la justice ait évolué au point de juger ce genre d'affaires”, affirme-t-elle. Les réserves de la pasionaria, laquelle s'exprimait hier lors du forum du quotidien arabophone El Youm, tiennent presque d'une seule raison : “Il y a des affaires pires,” selon elle, “des affaires pires que celles du wali d'Oran”, a-t-elle indiqué. Cependant, en dépit de ces “appréhensions”, elle reste favorable au jugement de toutes les affaires de corruption et/ou de détournements pour peu qu'il n'y ait pas de chasse aux sorcières ou que les procès ne se réduisent pas aux lampistes. “J'ai entendu la gendarmerie dire à propos du foncier que les enquêtes iraient jusqu'au bout… Ce n'est qu'un début. C'est bien si ce ne sont pas des règlements de compte”, a-t-elle dit. Mais comme de coutume, c'est essentiellement sur les orientations économiques du pays que s'est longuement étalée Louisa Hanoune. Dans ce contexte, elle a jugé les propos de Lucio Gueratto, l'ambassadeur de l'UE, lors de la conférence tenue au Club de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC), “d'ingérence”. “Les déclarations de Guerrato montrent que notre souveraineté est limitée”, a-t-elle estimé. Lucio Guerrato n'avait pas caché son scepticisme quant aux répercussions de l'enveloppe dégagée par la relance économique. Pour Louisa Hanoune, “il y a une mafiotisation” et “l'orientation économique n'est pas algérienne”. Face à la “retribalisation”, à ses yeux, qui guette l'Algérie, elle compte mobiliser le maximum d'Algériens pour faire échec à la politique économique actuelle. “C'est une bataille qu'il faut mener jusqu'au bout”, a-t-elle dit. Elle rappelle que son parti a ramassé 5 000 signatures dans la pétition lancée contre les privatisations et une demande d'audience au président de la République a été introduite. Demande qui n'a pas reçu de réponse à ce jour. Mais Louisa Hanoune ne compte pas rester en si bon chemin puisqu'elle entend organiser un grand rassemblement à Alger le 1er mai prochain. Interrogée sur le remaniement gouvernemental et sur la disposition de son parti à intégrer l'Exécutif, la porte-parole du PT a expliqué qu'elle n'est pas “dans le secret des dieux” et “que son parti n'a aucune raison de rejoindre le gouvernement”. “Il ne s'agit pas de changer les hommes, mais plutôt de voir quelle politique va adopter l'Exécutif”, a t-elle justifié. Autre rejet exprimé : les élections partielles. Les qualifiant de “processus de désintégration du pays”, Louisa Hanoune s'est montrée plutôt favorable “à la dissolution de toutes les institutions élues”. Quant à l'amnistie, elle a indiqué “qu'elle en débattra le jour où le texte sera rendu public”, non sans préciser “qu'avant de tourner la page, il faut un assainissement de la vie politique, notamment le règlement de la question des disparus et des détenus politiques”. Enfin, comme l'ex-président de la République Ahmed Ben Bella, elle a jugé “inacceptable” l'incarcération de Benchicou, le directeur du Matin. K. K.