Revenant à la charge, l'ancien ministre de la Défense se fait, une nouvelle fois, un point d'honneur de rendre justice aux déserteurs de l'armée française (DAF). "Je ne prétends pas, je le dis encore une fois, faire œuvre d'historien", rappelle le général Khaled Nezzar dans le premier volume de ses mémoires qui vient de paraître chez Chihab éditions. Auteur prolifique s'il en est, l'ancien ministre de la Défense vient de "commettre" une nouvelle fois son témoignage d'avant et après l'indépendance. Souvent, sujet de controverses, les sorties de l'ancien membre du Haut Conseil d'Etat ne laissent jamais indifférent. En militaire accompli, il anticipera les manœuvres de "l'ennemi" : "Certains vont dire que le livre est une compilation, d'autres vont l'utiliser pour se lancer dans des polémiques sans fin. La vérité est qu'à travers mon vécu en tant que chef militaire durant des périodes cruciales qu'a traversées mon pays, je m'interroge sur cette politique de la chaise vide adoptée par nos dirigeants en ce qui concerne la question du Sahara occidental et des relations avec le Maroc. N'est-il pas temps d'ouvrir le débat sur ce dossier qui pèse depuis plusieurs décennies et d'éviter de le laisser comme héritage aux générations futures ?" avait-t-il, d'emblée, avertit à l'annonce de la sortie de ce livre qui sera suivi par d'autres. Pour sa part, l'éditeur relève dans la quatrième de couverture que "ce premier volume débouche sur la période cruciale où l'armée algérienne, contrainte et forcée par la faillite des gouvernants et les émeutes nihilistes, est sortie de son rôle traditionnel pour sauver le pays. Les pages que l'auteur consacre à ces événements (octobre 88, Ndlr) sont une brève et nécessaire rétrospective qui sera longuement abordée dans le second volume, pour comprendre comment les faits se sont déroulés". Revenant à la charge, Khaled Nezzar se fait, une nouvelle fois, un point d'honneur de rendre justice aux déserteurs de l'armée française (DAF) comme le chahid Youcef Latrèche, le commandant Abderrahmane Bensalem ou encore Boutarfa El-Fadel qui, après avoir intégré les rangs de l'armée coloniale dans le cadre de la conscription obligatoire, avait déserté avec armes et bagages en 1955 pour rejoindre le maquis dans sa région natale de Cheffia dans l'actuelle wilaya d'El-Tarf. Pour épreuve de feu, Amara Laskri, dit "Bouglez", fondateur de la Base de l'Est, lui confiera la mission périlleuse d'abattre un colon, un certain Falco, connu pour son activisme et sa collaboration zélée avec les forces de répression coloniales. El-Fadel s'acquittera avec bravoure de sa tâche en menant l'opération de main de maître. Dans ce livre, Khaled Nezzar rend un hommage appuyé aux hommes d'exception dont l'un d'eux est El-Fadel, un véritable héros décédé dans l'anonymat à Annaba le 4 décembre 2010 à l'âge de 79 ans. Le général Nezzar abordera le sens de l'organisation et la perspicacité des Commandos de l'ALN dont le harcèlement continu des troupes ennemies sera d'un grand apport à la Révolution. Grâce à leur souplesse et à leur grande capacité d'adaptation, les guérilléros de l'ALN adopteront plusieurs tactiques redoutables et redoutées comme les manœuvres de sape, l'étouffement de l'adversaire, l'inexorabilité et la ténacité dans les attaques virevoltantes et sans cesse répétées. Le général décrit, ainsi, dans le détail cette forme de guérilla qui mériterait, assurément, d'être enseignée dans les académies militaires. La longue carrière militaire de Khaled Nezzar embrasse également les différentes crises auxquelles a été confrontée la "muette" au lendemain de l'indépendance. Son témoignage abordera notamment les luttes fratricides au sein même de l'armée, la guerre des sables, la troisième guerre israélo-arabe, la question du Sahara occidental, le conflit tchado-libyen pour le contrôle de la bande d'Aozou et enfin les événements d'octobre 1988. Mohamed-Chérif Lachichi
Recueil des mémoires du général Nezzar : Ma carrière militaire, de Khaled Nezzar, éditions Chihab, 450 pages, prix : 1 500 DA.