L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a pressé, hier à Rome, les Libyens d'organiser des élections dès l'an prochain, en profitant d'une période où l'ingérence des pays voisins est moindre. "Je pense qu'il y a beaucoup d'ingérence en Libye, armes, argent, tout ce que vous voulez", a-t-il expliqué devant les participants de la conférence Rome MED sur la Méditerranée, ouverte jeudi dans la capitale italienne. "Mais cette ingérence a diminué et les Libyens devraient saisir cette opportunité pour organiser des élections", a jugé M. Salamé, 66 ans. "Les Libyens doivent se rassembler et construire des institutions permanentes", a-t-il plaidé. La Libye (6 millions d'habitants) a sombré dans le chaos après la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi. Des autorités rivales, à Tripoli et à Tobrouk, et de nombreuses milices s'y disputent le pouvoir. Mais la plupart des pays impliqués en Libye ont souvent joué cavalier seul et multiplié de leur côté des initiatives dans ce pays, mettant à mal la crédibilité onusienne. Selon M. Salamé, il y a toutefois, aujourd'hui, une "fenêtre" pour organiser des élections l'an prochain, conformément au plan d'action qu'il a présenté en septembre devant le Conseil de sécurité des Nations unies. "La mission de l'ONU en Libye travaille activement à préparer le terrain pour des élections libres et justes", a-t-il souligné. Celles-ci ont toutefois besoin d'une vraie préparation, en termes de sécurité sur le terrain, d'inscription sur les listes électorales ou encore de loi électorale. L'une de ces conditions est aussi la réunion d'une conférence nationale réunissant les acteurs libyens, prévue en principe en février 2018. "Nous avons besoin que les acteurs politiques acceptent le résultat des élections avant que celles-ci aient lieu", a souligné M. Salamé. "Si toutes ces conditions sont remplies avant l'été, nous organiserons les élections", a-t-il assuré. Un porte-parole du maréchal Haftar, qui contrôle l'est du pays et ne reconnaît pas le gouvernement en place à Tripoli, a indiqué dans une interview avec un journal libyen qu'il serait difficile d'organiser ces élections l'an prochain. M. Salamé a rappelé que tous les acteurs politiques en Libye, y compris le maréchal Haftar, s'étaient prononcés en faveur de ces élections. Il a aussi a dit à Rome souhaiter rencontrer bientôt l'homme fort de Tobrouk. R. I./Agences