Taguemount, de l'arch des At Sadka, est dominé par la chaîne Kouriet, un belvédère qui s'est détaché du Djurdjura. Comme un gardien, Kouriet veille depuis la nuit des temps sur cette région. Agueni Gueghrane sur la droite, Agueni Fourou et Taguemount sur la gauche. Situé à une quarantaine de kilomètres au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, Taguemount n-At Ali Ouloul veut revivre. Ce village mythique et historique a été vidé de ses habitants en 1956. Après les intenses bombardements de l'armée coloniale, ce village qui comptait près de 4000 âmes est devenu, subitement, un désert, où même les bêtes qui avaient échappé au napalm furent achevées par les soldats français. Dès lors que le village est anéanti, les rescapés ont pris le chemin vers d'autres espaces et d'autres contrées pour une nouvelle vie. Loin de leur montagne, des familles entières se sont dispersées, laissant derrière elles toute une vie, une histoire, un attachement et des rêves engloutis sous les bombes de l'armée française. Taguemount domine les plaines des At Toudert, dans la commune des Ouacifs. Taguemount, de l'arch des At Sadka, est dominé par la chaîne Kouriet, un belvédère qui s'est détaché du Djurdjura. Comme un gardien, Kouriet veille depuis la nuit des temps sur cette région. Agueni Gueghrane sur la droite, Agueni Fourou et Taguemount sur la gauche. Il est témoin à la fois de la prospérité et du déclin de Taguemount. Il est toujours là pour témoigner de sa renaissance. Le week-end écoulé, Taguemount voulait redonner vie à cette colline jamais oubliée. Ses chemins qui montent, certes, n'ont pas dissuadé les personnes venues des quatre coins du pays pour se retrouver le temps de timechret à la place du village. Venus d'Alger, de Blida, de Djelfa, de Tizi Ouzou, de Tamanrasset, de Tissemsilt..., les At Tguemount se sont retrouvés enfin. C'était la fête malgré le froid glacial qui sévissait. Ils étaient plusieurs dizaines à se retrouver et à assister les villageois dans la "reconstruction" de la vie villageoise. La place du village, jouxtant la petite mosquée, était animée très tôt le matin. L'animation y était pour marquer cette journée. "Cela fait 35 ans que nous n'avions pas organisé timechret", nous apprend Salem Bourenane, président du comité d'organisation. L'objectif de cette action, selon lui, "est de ranimer la vie villageoise. C'est un appel aux miens pour qu'ils reprennent contact avec le village et travailler de concert pour le bien-être de tous". Après avoir énuméré les problèmes que vivent les quelques villageois, Salem a estimé que, pour le moment, le problème récurrent reste celui de la distribution de l'eau. "Nous souffrons le martyre", a-t-il dit, rappelant que, l'été écoulé, les robinets étaient à sec durant plusieurs semaines. Même son de cloche chez Noureddine, un autre villageois investi dans le comité. "Timechret est le ciment social par excellence, loin de toute connotation religieuse ou autre. Elle sert à réunir les villageois", a-t-il expliqué, avant de lancer un appel, à la fois aux autres villageois et aux autorités pour "nous assister dans la reconstruction du village". Manseur Chabane, élu à l'APC sortante de la région, assurant l'intérim avant la désignation du nouvel édile, a assuré que des projets sont déjà lancés ou attendent leur lancement. "Nous envisageons le transfert de l'eau de la fontaine pour alimenter le village." Il a rappelé que l'APC s'est engagée, depuis plusieurs années, à faciliter l'octroi des "possessions" au villageois afin de bénéficier du programme d'aide à l'auto-construction. Au moment où les jeunes s'affairaient à régler les derniers détails de timechret, le muezzin lance la prière du vendredi. Aussitôt celle-ci terminée, place à la fête sur le même lieu. Chansons et danses ont occupé le terrain réunissant femmes et hommes. Un mélange harmonieux entre la tradition et le spirituel loin de toute notion politicoreligieuse. M. Mouloudj