Les villageois de Sidi Ouaret, sur les hauteurs de Sidi Ali Bounab, attendent le soutien de l'Etat pour revenir dans leurs habitations désertées pendant les années d'insécurité. Le comité du village Afir-Sidi Ouaret, sur les hauteurs du mont Sidi Ali Bounab, distant de 7 km environ du chef-lieu de la commune de Tadmaït (20 km à l'ouest de Tizi Ouzou), a organisé samedi dernier une «timechret» (sacrifice de bœufs) au profit des villageois. Une grandiose waâda a été offerte à cette occasion au profit des participants, qui ont pris, tôt le matin, l'ascension du mont jusqu'à Sidi Ouaret, endroit où l'activité a été tenue. Cette fête a été préparée et financée par les habitants du village, regroupés en comité afin d'entamer la sensibilisation des villageois et autres démarches en vue de retourner sur les lieux et travailler leurs terres. Pour réussir cette initiative, l'APC a mis à la disposition du comité un camion-citerne d'eau, une ambulance, et d'autres moyens nécessaires. «Notre objectif est de reprendre aussi cette vieille tradition qui, avant son abandon par certaines générations, assurait le maintien de l'organisation, de la cordialité et de la cohésion entre tous les villageois, particulièrement lorsqu'il s'agit de l'intérêt collectif de la localité, de la commune…», nous dira Slimane Sahnoun, un éleveur de 71 ans, qui y vit encore avec son élevage. Il précise qu'il éprouve mille et une difficultés lorsqu'il se retrouve, en hiver notamment, dans la contrainte d'aller acheter des bottes de foins pour ses moutons. «J'achemine ce foin botte par botte, sur mon dos, sur une distance de plus de 5 km. Mon gros problème aussi, c'est lorsque mon groupe électrogène tombait en panne…», ajoute encore Dda Slimane qui appelle de tous ses vœux les pouvoirs publics à revêtir la piste menant au village, ainsi que la réalisation d'une conduite d'alimentation en eau potable (AEP), sachant que les quelques sources naturelles d'eau de ce versant dont ils s'alimentaient dans le passé sont toutes dans un état de tarissement quasi total. Trônant à environ 700 mètres d'altitude, au versant sud du sommet de Sidi Ali Bounab, cette contrée, appelée aussi arch Ath Chenacha et qui regroupe les villages Afir, Aït Hamou, Bouadou, Avroun, Bouarous…, n'a ni électricité, ni eau, ni piste carrossable en hiver, ni, encore moins, du gaz. Ces commodités sont impératives pour le retour des villageois sur leurs terres, ainsi que des aides de l'Etat pour la reconstruction de leurs maisons. Ces villageois vivent actuellement pour la plupart au chef-lieu de la commune, à Draâ Ben Khedda, ainsi qu'à Tizi Ouzou, voire à Alger et Boumerdes. Aux termes de la cérémonie de partage de la viande, les villageois ont lancé un appel aux pouvoirs publics en vue de leur accorder des indemnisations à la suite de la destruction de leurs nombreux biens (maisons, arbres fruitiers…) par des bombardements de l'ANP, dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme islamiste. Pour rappel, entre 1957 et 1959, cette zone avait connu aussi une succession de razzias, puis évacuation et d'intenses bombardements destructifs de la part de l'armée coloniale française, se souviennent encore des vieux d'Afir Sidi Ouaret.