La politique américaine au Proche-Orient, sous Donald Trump, risque de provoquer le chaos dans la région. À la veille de l'annonce par le président américain de sa décision quant à la reconnaissance d'El-Qods comme la capitale d'Israël et du transfert de l'ambassade des Etats-Unis dans cette ville, ce fut hier au tour de l'UE de mettre en garde contre les graves répercussions d'une telle éventualité. Les services de la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, ont prévenu, hier, dans un communiqué rendu public que "cela pourrait avoir de graves répercussions sur l'opinion publique dans des parties entières du monde". Ils ont rappelé que depuis le début de l'année, l'Union européenne estime qu'il faut réfléchir aux conséquences que pourrait avoir une décision ou action unilatérale affectant le statut de Jérusalem (El-Qods), occupée et annexée par Israël. La même source a souligné qu'"il faut rester concentré sur les efforts pour faire redémarrer le processus de paix et éviter toute action qui saperait ces efforts". Pour rappel, l'UE, partisane d'une solution à deux Etats vivant côte à côte dans les frontières de 1967, condamne avec fermeté la colonisation des territoires palestiniens, qu'elle juge illégale en droit international. "Tout ce qui contribue à attiser la crise est contre-productif en ce moment", a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel. Il a estimé qu'"une solution à la problématique de Jérusalem (El-Qods) ne peut être trouvée que dans le cadre de négociations directes entre les deux parties". De son côté, le président français Emmanuel Macron a exprimé, lundi soir lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain, sa préoccupation concernant ce sujet, selon l'Elysée. Plus virulent, le président turc est allé jusqu'à évoquer une probable rupture avec Israël en avertissant hier que le statut d'El-Qods était "une ligne rouge" pour les musulmans. "Monsieur Trump, Jérusalem est une ligne rouge pour les musulmans", a lancé Recep Tayyip Erdogan à l'adresse de son homologue américain. "Nous allons mener cette lutte jusqu'au bout avec détermination. Et cela pourrait aller jusqu'à la rupture de nos relations diplomatiques avec Israël", a-t-il ajouté lors d'un discours devant le groupe parlementaire du parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP. "En tant que président en exercice de l'Organisation de la coopération islamique, nous allons suivre cette question jusqu'au bout. Si une telle décision est prise, nous réunirons sous 5 ou 10 jours un sommet des leaders de l'OCI à Istanbul (...) Nous mettrons en mouvement tout le monde musulman lors de ce sommet", a-t-il encore dit. À signaler que la Maison-Blanche a indiqué, lundi soir, que la décision très attendue du président Trump sur le fait de déplacer ou non l'ambassade américaine en Israël à El-Qods a été reportée et ne sera pas dévoilée lundi. Hogan Gidley, un porte-parole de la Maison-Blanche, a toutefois précisé que "le président a été clair sur cette affaire depuis le départ : ce n'est pas une question de si l'ambassade sera effectivement déplacée, c'est une question de quand". Merzak Tigrine