Le président français a annoncé la volonté de son gouvernement "d'assouplir davantage la procédure",£ notamment pour les hommes d'affaires, les intellectuels, les hommes de culture, les fonctionnaires, les militaires et les journalistes, entre autres. Ill était dit que le président Emmanuel Macron n'allait pas s'éterniser en Algérie. Mais son séjour était dense et les sujets évoqués avec ses interlocuteurs algériens nombreux. S'il a évité d'évoquer l'état de santé du président Bouteflika qu'il a rencontré dans l'après-midi d'hier, ce qui tranche avec "l'alacrité" de son prédécesseur, même si à vrai la dire la question ne lui a pas été posée par la presse, Emmanuel Macron a toutefois annoncé d'emblée que l'Algérie avait devant lui "un ami". Ce n'est pas seulement en écho au message de félicitations que lui avait envoyé Bouteflika dès son investiture, mais c'est plutôt pour signifier diplomatiquement qu'il n'hésitera pas à dire ce qu'il pense sur nombre de sujets qui intéressent les Algériens. Qu'il s'agisse de la question des visas, du contentieux mémoriel ou des projets de partenariat et du climat des affaires. Aussi bien aux responsables algériens qu'à la jeunesse, cette jeunesse dont une frange lui réclamait le "visa" lors de son bain de foule au cœur d'Alger et qu'il n'a pas manqué d'évoquer. "Le visa, ce n'est pas un projet de vie", a-t-il indiqué doctement lors d'une conférence de presse animée en soirée à l'hôtel El Aurassi. "Un projet de vie, c'est le travail, c'est la réussite (...)", a-t-il affirmé. Mais cela ne signifie pas que la France entend se verrouiller pour les Algériens. Bien au contraire, Emmanuel Macron a annoncé la volonté de son gouvernement "d'assouplir davantage la procédure", notamment pour les hommes d'affaires, les intellectuels, les hommes de culture, les fonctionnaires, les militaires et les journalistes, entre autres. "On peut améliorer les choses", a-t-il dit non sans exprimer son ambition qu'il puisse y avoir à terme un système de visa souple pour ceux qui vont travailler de part et d'autre de la Méditerranée. "Il faut dépassionner ce sujet", a insisté Macron, rappelant au passage la détermination des autorités françaises à lutter contre l'immigration illégale, un souci qu'il a exprimé à ses interlocuteurs algériens. Pour avoir annoncé la couleur dès février lors de sa visite dans le cadre de la campagne électorale, Emmanuel Macron a réitéré hier "qu'il est décomplexé" et "qu'il veut ouvrir une nouvelle page." "J'ai souhaité qu'on avance dans un travail de mémoire, dans le cadre d'un travail conjoint et que le dialogue se poursuive (...) que nous puissions avancer par des gestes réciproques", a-t-il affirmé. Conscient de l'attente des autorités algériennes, il fait un premier geste concret : la restitution des crânes de résistants algériens détenus au musée de l'Homme à Paris. "J'ai pris la décision de procéder à la restitution des crânes (...) le texte de loi sera fait." Plaidoyer pour les harkis et les "pieds noirs" Macron, qui ne veut pas être prisonnier du passé, entend même œuvrer à la réconciliation des mémoires, une réponse également au Président qui, dans un message, l'a présenté, vu sa jeunesse, comme l'homme pouvant réussir cette réconciliation entre les deux peuples. "Il faut que les familles nées ici, qui ont une histoire avec ce pays qui veulent venir, qu'elles le fassent (...) Nous avons besoin de réconcilier les mémoires et ce passé", a insisté Macron. A une question sur la relation de Paris avec les deux voisins rivaux, l'Algérie et le Maroc, Macron, qui note "la différence dans les histoires", a souligné cependant que la visite qu'il avait effectuée au Maroc était "un dîner amical et personnel, et revêt un statut particulier et préliminaire", mais qu'en Algérie, c'est sa première visite officielle dans le Maghreb, annonçant dans le même contexte une visite d'Etat pour 2018. Karim Kebir