Le président de la République française, Emmanuel Macron a dit oui, hier à Alger, à la restitution des crânes des résistants algériens tués dans les années 1850 qui se trouvent actuellement conservés au musée de l'Homme à Paris. Un sujet qui semblait rester tabou pendant de longues années entre les deux pays, l'Algérie et la France, c'est officiellement, hier lors de sa visite de de travail et d'amitié que le président, Emmanuel Macron s'est dit prêt à lancer la procédure de restitution des crânes des résistants algériens conservés à Paris. Un dossier qui a longtemps fait polémique entre les deux pays liés par une histoire complexe. Emmanuel Macron s'est dit venir en Algérie «en ami», sachant que c'est sa première visite depuis qu'il est à la tête de l'Elysée. Sa dernière visite à Alger, le 14 février dernier alors qu'il était en campagne, il avait déclaré que «la colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime. C'est un crime contre l'humanité. C'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes.» Une déclaration qui avait choqué certains et donné l'espoir à d'autres de voir un président français présenter les excuses de la France à l'Algérie, et qui faisait que cette visite du président français à Alger était tant attendu. Des excuses ? Emmanuel Macron n'a pas évoqué ce sujet, par contre, il a parlé de «reconnaître les mémoires pour laisser le passé passer. Premiers pas vers un futur apaisé». Lors de sa conférence de presse, le président français s'est montré «très décomplexé, je le suis, il faut aller de l'avant pour construire une relation solide.» Par ailleurs, Emmanuel Macron a semblé clairement éviter la question sur les excuses par rapport aux crimes coloniaux, répondant à un journaliste qu'il est resté «bloqué dans des histoires de vieilles de vingt années.». Dans son discours, le président français semblait convaincu. «Nous avons une histoire, elle est complexe mais elle nous lie. Nous avons des jeunesses qui nous regardent et attendent qu'on construise l'avenir. C'est notre responsabilité contemporaine. Nous saurons la saisir.» Il a déclaré, toujours à ce sujet, «réconcilier les mémoires, c'est trouver le chemin qui permet aux femmes et aux hommes nés en Algérie de pouvoir y revenir, quelles que soient leurs histoires.» Sur sa rencontre avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le président français a déclaré : «Nous avons parlé des sujets de mémoire : j'ai souhaité rappeler ma volonté d'avancer dans un travail de mémoire conjoint, je souhaite que le dialogue puisse se poursuivre pour que des gestes réciproques soient faits pour revenir sur un passé qui n'est trop longtemps pas passé.» Par rapport au dossier de la crise au pays du Sahel, Emmanuel Macron a souligné qu'il veut renforcer le G5 Sahel avec le soutien d'Alger et faire de cela, sa priorité. «La lutte contre le terrorisme demeure notre priorité, une priorité régionale. Je souhaite que nous continuions à accroître les coopérations opérationnelles que nous menons avec l'Algérie», a-t-il répondu. Toujours sur les dossiers d'envergure internationale, Macron a préféré entamer son point de presse par un commentaire pris, quelques instants avant cela, par le président américain Donald Trump, de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Le président français a qualifié cette de décision de «regrettable», et a appelé à «éviter à tout prix les violences». D'autre part, il a souligné «l'attachement de la France et de l'Europe à la solution de deux Etats, Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux Etats». Au sujet des relations franco-libanaises et la crise entre l'Arabie-Saoudite et l'Iran, le président français s'est dit «satisfait» des décisions prises au Liban, qui vont, selon lui, «permettre d'assurer la stabilité de toute la région. Tous les équilibres souhaitables ont été trouvés», rappelant que «la France a dans la région des alliés, mais elle souhaite parler à tout le monde. Le rôle de la France est de parler à tous et toutes pour aider à construire la paix. Il est indispensable que nous puissions donner un cadre politique quelles que soient les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran.»