Les électeurs de Catalogne se rendront aujourd'hui aux urnes à l'occasion des élections régionales déterminantes pour l'avenir de cette région et du pays, quelques semaines après le référendum d'indépendance invalidé par la justice espagnole. Après la proclamation unilatérale d'indépendance du 27 octobre, le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy avait décidé de suspendre l'autonomie de la région, destituer l'exécutif et dissoudre le parlement régional, pour convoquer ces nouvelles élections. La crise catalane, qui a fait la une dans le monde entier le 1er octobre quand la police espagnole a réprimé brutalement un référendum d'autodétermination interdit par la justice, a alarmé l'Union européenne qui, craignant une contagion des séparatismes, a appuyé fermement Madrid. Faisant campagne par vidéo-conférence depuis Bruxelles où il s'est exilé, Carles Puigdemont, l'ex-président de l'exécutif catalan, a affirmé que voter pour lui serait mettre en échec M. Rajoy. "La présidence de Catalogne ne se "décapite" pas, elle ne se change pas en fonction des convenances des dirigeants à Madrid", a déclaré l'ancien journaliste. En se présentant comme le seul candidat légitime pour diriger la région, il prétend aussi barrer la route à son ex-vice-président, Oriol Junqueras, dont le parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC) aspire à gouverner pour la première fois depuis la guerre civile. Inculpé comme M. Puigdemont et leurs anciens ministres de rébellion, sédition et malversations pour avoir préparé la sécession, M. Junqueras est, lui, en prison. "Parce que je ne me cache pas et suis conséquent avec mes actes", a-t-il expliqué à la radio Rac1, dans une pique contre la fuite à Bruxelles de M. Puigdemont. En face, la candidate de Ciudadanos, Inès Arrimadas, 36 ans, promet aux Catalans la fin du processus d'indépendance. "Nous allons nous réveiller de ce cauchemar", a-t-elle lancé en appelant les électeurs aux urnes. "Ça va se jouer à une poignée de voix, personne ne peut rester chez soi." Mais la jeune candidate n'a pas épargné non plus le Parti socialiste de Catalogne (PSC), auquel elle dispute les voix anti-indépendantistes, rappelant que ce dernier n'a pas hésité par le passé à s'allier aux séparatistes pour gouverner. Même si les indépendantistes n'obtiennent pas la majorité des voix, la loi électorale favorise les régions rurales où ils sont dominants, et les sondages leur permettent d'espérer la majorité de 68 sièges sur 135 au parlement. R. I./Agences