La loi électorale catalane prévoit un système de pondération des voix qui avantage les provinces rurales, où les indépendantistes sont très implantés, d'où leur victoire en sièges au parlement régional. Les indépendantistes catalans ont reconquis la majorité au parlement régional à l'issue des élections municipales anticipées convoquées par Madrid, infligeant un sérieux revers au gouvernement central espagnol qui les avait destitués après leur tentative d'indépendance. Les Catalans, qui ont battu avec près de 82% de votants le record historique de participation dans la région, ont accordé jeudi 47,6% des voix aux indépendantistes et près de 52% des suffrages aux partis défendant l'unité de l'Espagne. La loi électorale catalane prévoit un système de pondération des voix qui avantage les provinces rurales, où les indépendantistes sont très implantés, d'où leur victoire en sièges au parlement régional. Les trois partis indépendantistes obtiennent 70 élus sur 135, deux de moins qu'en 2015, semblant avoir atteint un plafond. Ils pourront donc gouverner s'ils arrivent à former une coalition. Ce qui est très probable. La liste menée par Carles Puigdemont, en exil en Belgique, car poursuivi en Espagne pour avoir proclamé l'indépendance de la Catalogne, a remporté 34 sièges au parlement régional. Le parti Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, gauche républicaine) d'Oriol Junqueras, ancien vice-président du gouvernement régional espagnol et toujours en détention, arrive juste derrière, avec 32 sièges. Avec les 4 élus du parti d'extrême gauche CUP, ils totalisent 70 députés, soit une majorité absolue dans le parlement de 135 sièges. De leur côté, les socialistes, opposés comme elle à l'indépendance, n'ont que 17 sièges, et le Parti Populaire de M. Rajoy s'est effondré, tombant à 3 sièges contre 11 aux dernières élections en 2015. Hier matin, le leader catalan a affirmé sa disponibilité à discuter avec le Premier ministre Mariano Rajoy, dans n'importe quel Etat membre de l'Union européenne, lors d'un point de presse à Bruxelles. Mais le chef du gouvernement socialiste a rejeté cette proposition, lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier après-midi à Madrid. "La personne avec laquelle je devrais m'asseoir, c'est celle qui a remporté les élections, Madame (Inès) Arrimadas", la tête de liste du parti anti-indépendance Ciudadanos qui a remporté le plus de sièges au parlement catalan. Sur le plan européen, Berlin a réagi hier en appelant au dialogue entre Madrid et la Catalogne. "Les députés vont maintenant devoir former un gouvernement. Nous espérons que cela conduira à surmonter les divisions de la société catalane afin d'aboutir à un avenir commun avec la participation de toutes les forces politiques d'Espagne", a indiqué lors d'un point presse régulier une porte-parole du gouvernement allemand, Ulrike Demmer. "Le gouvernement (allemand) est confiant que tous les acteurs en Espagne (...) vont user des nombreuses opportunités de dialogue et de désescalade", a-t-elle ajouté, rappelant que "quel que soit le gouvernement catalan qui sera formé, il devra agir dans le respect de l'Etat de droit et de la Constitution espagnole". L. M./Agences