693 harragas ont été interceptés pour les seuls mois de septembre et octobre derniers. L'année 2017 aura été celle de la harga par excellence. Un phénomène national qui a pris toute sa mesure ou démesure, c'est selon, à l'ouest du pays. Si les statistiques régionales ne sont pas encore arrêtées, les plages de l'Oranie auront servi de rampe de lancement à des centaines d'embarcations clandestines vers le rivage espagnol. D'Aïn Témouchent à Mostaganem en passant par Oran et Ténès, à Chlef, les côtes de l'Ouest ont fait l'actualité nationale et les vidéos postées par les harragas eux-mêmes ont créé le buzz sur les réseaux sociaux. Les statistiques sur les interceptions, presque quotidiennes, des candidats à l'émigration clandestine cachent mal l'ampleur d'un phénomène véritablement quantifié par les autorités espagnoles, pour ce qui est de l'Ouest, et italiennes pour la partie Est. À titre illustratif, en novembre dernier, 140 clandestins harragas avaient été interceptés simultanément au large de Mostaganem, Oran, Béni-Saf, et Bouzedjar (wilaya d'Aïn Témouchent) et Ghazaouet (wilaya de Tlemcen) par les forces navales de la façade maritime Ouest. Parmi les candidats à l'émigration, 7 femmes et 5 mineurs. Sur les 140 clandestins, 57 ont été secourus après que leur embarcation eut chaviré. Une semaine auparavant, un groupe de 20 candidats à l'émigration clandestine a été secouru à 20 miles marins, au nord de la plage de Cap Falcon après que leur embarcation est tombée en panne. Au début du mois, 70 clandestins ont été interceptés à l'Ouest, précisément au large d'Arzew, Oran, Mostaganem et Béni-Saf. 693 harraga ont été interceptés pour les seuls mois de septembre et octobre derniers. En parallèle du quadrillage des côtes, de l'interception des embarcations, des réseaux de passeurs ont été également démantelés à l'Ouest. Durant la première semaine de novembre, la Sûreté de wilaya de Sidi Bel-Abbès a démantelé un réseau régional de passeurs de harragas en arrêtant quatre de ses membres dont un résidant à Oran et trois à Sidi Bel-Abbès. Ce réseau avait pris en charge 17 harragas qui ont versé 8 millions de centimes chacun pour l'acquisition d'un pneumatique à moteur pour rejoindre les rives de l'Espagne. En mars dernier, deux réseaux de passeurs avaient été mis hors service par les services de sécurité. Parmi les mis en cause, un chef de réseau qui activait du côté d'Aïn Turck. À Kristel, daïra de Gdyel, un autre réseau, composé de 18 membres, a été démantelé par les gendarmes. Malgré le renforcement des patrouilles des gardes-côtes, le phénomène a pris une telle ampleur qu'il a même débordé sur les relations entre Alger et Madrid. Rappelons que Mme l'ambassadeur d'Algérie en Espagne, Taous Feroukhi, devait être reçue par le ministre de l'Intérieur espagnol pour discuter de l'arrivée massive des clandestins algériens. Madrid comptait demander à Alger de renforcer le contrôle frontalier de ses mille kilomètres de côtes afin de stopper ces débordements coordonnés d'immigrants illégaux et éviter les tragédies humaines qui en découlent. L'ONG Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR) a indiqué que des Algériens et des Marocains sont venus grossir, cette année, le flux migratoire à travers la Méditerranée vers l'Espagne, qui a vu le nombre d'arrivées sur ses côtes tripler, au prix de plus de 200 morts. Le ministre espagnol de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido avait avoué être débordé par cet afflux sans précédent de harragas : 962 personnes sont arrivées par mer depuis le 16 novembre dernier dont 562 Algériens. La moitié de ces migrants a été interceptée non loin des côtes de Murcie, où ils ont été débarqués. Selon le quotidien espagnol d'information générale ABC, 600 Algériens ont débarqué à Almeria et Murcie entre le 26 octobre et le 3 novembre derniers. Pour faire face à la situation, Madrid a décidé d'"héberger" dans le centre pénitentiaire d'Archidona près de 500 de ces migrants, arrivés en Espagne après l'interception de leurs embarcations. S. O.