Les "réaménagements" sont, visiblement, dictés par le constat fait quant aux limites d'une démarche plutôt solitaire qui a contribué à l'émiettement du camp islamiste. Eclatée en plusieurs entités du fait des différentes scissions qui l'ont marquée, la mouvance islamiste en Algérie a tenté, durant l'année qui s'écoule, une recomposition dans le but de mieux affronter un paysage politique toujours dominé par le duo FLN-RND au pouvoir. Certes, cette reconfiguration n'a visiblement pas porté ses fruits. Loin s'en faut. Les résultats des élections législatives et communales n'ont, finalement, pas été à la hauteur des attentes des deux pôles formés, à savoir Ennahda-Adala-Bina et le retour dans le giron du Mouvement de la société pour la paix (MSP) du transfuge Abdelmadjid Menasra qui avait créé le Front du changement. Les premiers à avoir donné le ton au début de l'année 2017 ce sont les leaders du trio Ennahda-Adala-Bina qui avaient procédé, lors d'une cérémonie officielle organisée le 21 janvier à Alger, à la signature du document consacrant une "alliance stratégique". Mohamed Douibi, Abdallah Djaballah et Mustapha Boumehdi ont donc signé les retrouvailles, des années après avoir essayé, chacun de son côté, de faire cavalier seul. Laminés lors des différentes élections, les trois compères semblent avoir vite compris que leurs démarches respectives étaient vouées à l'échec et qu'en fin de compte il n'y aurait que l'union qui ferait la force. Leur initiative n'a finalement pas été d'un grand apport pour ses artisans puisque la récolte, à l'occasion des élections législatives du 4 mai dernier (15 sièges seulement), a été quelque peu maigre si l'on se réfère aux déclarations tonitruantes des leaders de la coalition. Les résultats des élections locales ont été encore plus catastrophiques pour cette dernière qui n'a pu s'adjuger que 8 APC et quelques sièges dans des APW. L'autre coalition islamiste qui s'est reformée en 2017, MSP-FC en, l'occurrence, n'a, également, pas permis à ses initiateurs de faire avancer leur cause. Lors des législatives de mai, le duo n'a pu arracher que 33 sièges à l'APN. Mais il a pu renverser la vapeur à l'occasion des élections communales en raflant la majorité dans 64 APC, alors qu'en 2012, le parti n'a pu en obtenir qu'une dizaine. Au-delà des résultats en question, ce qu'il faut, peut-être, retenir pour l'année 2017, concernant la mouvance islamiste, c'est ce choix fait par ses principaux acteurs d'aller vers un regroupement des partis issus de cette famille politique. Un réaménagement dicté, visiblement, par le constat fait quant aux limites d'une démarche plutôt solitaire qui a contribué à l'émiettement du camp islamiste. Pour ce dernier, l'année 2017 est synonyme d'amorce d'une reconstruction. Hamid Saïdani