Au moment où le projet de fusion entre le MSP et le FC commençait à prendre forme après que Abdelmadjid Menasra a officiellement dissous son parti, l'Union pour El Adala, Ennahda et El Bina connaît quelques difficultés. Le projet d'intégration de ces trois formations islamistes, cher au leader du Front pour la justice et le développement (FJD), Saâd Abdallah Djaballah, «connaît un blocage», apprend-on de sources internes. «Il y a une nouvelle orientation chez les partis pour revoir la démarche d'intégration, surtout après les faibles résultats réalisés lors des dernières élections législatives», affirment nos sources. Avec quinze sièges seulement gagnés à l'APN, une grande partie de la base militante, notamment chez le Mouvement El Bina ou bien Ennahda, se demande s'il serait encore judicieux de continuer à faire front commun ou faut-il que chacun fasse cavalier seul à l'occasion des prochaines élections communales prévues vers la fin de l'année. Une «fitna» qui se profile à l'horizon ! Le doute s'installe de plus en plus, d'autant que les trois chefs de parti, Abdallah Djaballah d'El Adala, Mohamed Douibi d'Ennahda et Mostefa Belmahdi du Mouvement El Bina, peinent à s'asseoir autour d'une table pour discuter de l'avenir, notamment l'échéance consistant en l'organisation d'un congrès unificateur. Alors qu'il était question d'une rencontre mensuelle, les trois responsables «ont raté deux rendez-vous». Idem pour l'instance de suivi du projet, composée de Lakhdar Benkhellaf, Fatah Rebai et Ahmed Eddane, qui «ne s'est plus réunie depuis le 13 mai dernier». Un manque de coordination et de concertation flagrant quand on sait ce qu'exige un tel projet d'intégration comme suivi et travail quotidien afin de rapprocher les visions des uns et des autres et de convaincre les plus réticents. D'ailleurs, au sein d'El Bina et d'Ennahda, ce courant commence à prévaloir. Ayant gagné six sièges à l'APN sur les quinze que compte l'Union, le parti de Mostefa Belmahdi songe sérieusement à la façon dont il abordera les prochaines élections locales. Pour le parti Ennadha, son président n'a presque plus l'autorité qui lui permet de faire d'autres pas vers le projet d'union. Mohamed Douibi, contesté, fait face à une fronde qui veut l'éjecter du poste de secrétaire général. Tous les ingrédients semblent donc plaider soit en faveur d'une séparation à l'amiable, soit d'un statu quo qui consiste à se limiter au travail de coordination dans le cadre du groupe parlementaire de l'APN, en attendant des jours meilleurs. Bien qu'au sein d'El Adala l'on continue de croire à l'organisation d'un congrès unificateur au courant du mois de septembre prochain, les choses ne sont pas aussi simples que cela. La réunion du conseil consultatif du parti d'Abdallah Djaballah devrait être convoquée dans les tout prochains jours «pour débattre de plusieurs questions», dont l'avenir de l'union. C'est le cas aussi pour le Mouvement Ennahda dont la réunion du Madjliss Echoura est programmée pour la mi-juillet. Un rendez-vous qui risque de mal tourner pour Mohamed Douibi, surtout qu'un large courant est favorable à un retrait de confiance. C'est dire que rien n'est encore acquis dans ce projet islamiste. Quelques mois à peine après la signature de l'accord d'union en janvier 2017, le rêve cher à Djaballah, une des vielles figures du courant islamiste en Algérie, risque de tomber à l'eau. Les prochaines échéances pourraient même signer l'arrêt de mort du projet avant sa finalisation. Et si cette probabilité venait à se concrétiser, ce serait la grande désillusion chez la mouvance islamiste à la recherche d'une place et d'un poids dans l'espoir de mettre en œuvre son objectif d'instaurer un Etat islamique. Les prochains jours devraient, en tout cas, apporter plus d'éléments de réponse.