Les différentes cellules d'écoute réparties rencontrent des difficultés du fait que les adresses communiquées par les migrants clandestins aux gardes-côtes sont totalement fausses. Les services de la Direction de l'action sociale de la wilaya d'Aïn Témouchent viennent de lancer des enquêtes sociales visant les personnes qui ont tenté d'émigrer clandestinement au niveau de la wilaya dans le but de trouver une solution alternative à leur situation, et ce, suivant la qualification et les capacités de chacun d'eux, mais aussi selon les moyens dont la DAS dispose. Selon les dernières statistiques sur le phénomène de l'émigration clandestine l'on avance le chiffre de 91 cas recensés au niveau de la wilaya d'Aïn Témouchent parmi le nombre global de candidats à l'émigration clandestine évalué à 540 harragas qui ont tenté d'utiliser les côtes témouchentoises pour une aventure en mer vers l'autre rive de la Méditerranée et qui ont été interceptés par les gardes-côtes de Béni Saf. Si le chiffre ne représente que le cinquième du nombre global des malheureux harragas, il est en soi même important. Ainsi, d'après une source autorisée auprès des services de la Direction de l'action sociale de la wilaya d'Aïn Témouchent, une étude des conditions de vie des concernés vient d'être entamée au cas par cas avec la possibilité de les intégrer dans les différents programmes d'emploi à travers les dispositifs mis en place par l'Etat de soutien à l'emploi des jeunes à l'image de l'Ansej, l'Angem, la Cnac et l'Anem. Sauf que sur le terrain, des difficultés sont apparues et que les différentes cellules d'écoute réparties à travers plusieurs zones de la wilaya ont rencontrées. Et pour cause, les adresses communiquées par les migrants clandestins aux gardes-côtes sont totalement fausses. Les raisons ne sont autres que celles qui devraient leur permettre d'échapper à d'éventuelles poursuites judiciaires conformément à la loi relative à la lutte contre l'émigration clandestine qui est toujours en vigueur. Ce qui a rendu la tâche des enquêteurs des services sociales ardue, alors que le délai d'un mois fixé par les autorités locales toucherait presque à sa fin. Néanmoins, certains enquêteurs ont réussi à soutirer certaines informations des quelques harragas qu'ils ont pu approcher, à l'image du jeune M. R., 36 ans, originaire de la localité d'Ouled Kihal, un fellah et éleveur de son état qui a déclaré faire face à des problèmes familiaux après le divorce de ses parents et le remariage de son père. Ne pouvant supporter les tracasseries de sa marâtre et voulant rejoindre sa mère qui réside en Espagne, et ce, faute d'un visa, il a tenté l'aventure par mer tout en étant conscient du danger et des risques à prendre qui pourraient lui coûter la vie une fois en haute mer. Lors de notre entretien avec l'agent social de la DAS en présence de Mohamed Bouzada, le directeur de wilaya, l'on apprend que le concerné, et ce, pour qu'il puisse abandonner l'idée de tenter une seconde opération de harga, a exigé une aide financière de 5 millions de dinars et un cheptel ovin. Il faut dire, et ce, d'après le directeur de l'action sociale, que le nombre le plus élevé des candidats à l'émigration clandestine est concentré dans la partie Est du littoral témouchentois qui fait frontière avec celui de la wilaya d'Oran, plus précisément dans la région d'El-Amria, de Bouzedjar et d'El-Malah. Par contre, dans la partie ouest, du côté de Béni Saf et Oulhaça, entres autres, l'on a recensé que deux cas seulement ont été interceptés par les gardes-côtes où l'un d'eux aura réussi à décrocher un poste de travail du côté de Ghazaouet dans la wilaya de Tlemcen. Quant au fin fond de la wilaya dans la partie sud, plus précisément à Tamzoura, les enquêteurs ont réussi à connaître la destination finale du harrag qui a réussi à rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Ses parents ont confirmé qu'il est en contact régulier avec eux. Selon les premiers éléments de l'enquête qui n'a touché qu'une infime partie des 91 candidats, les raisons avancées qui les ont obligés à tenter cette dangereuse aventure, dont ils disent être entièrement conscients, se résument à un avenir sombre, à l'absence de tout projet faute de moyens qui leur permettront de garder un semblant d'optimisme, de leur situation désespérée sur le plan social, mais aussi et surtout les problèmes familiaux. M. LARADJ