Pour le docteur Mokhtar Guissous, chercheur à l'université Bachir-El Ibrahimi de Bordj Bou-Arréridj, "la célébration de Yennayer est un acte d'affirmation d'une nation amazighe dont l'histoire est plusieurs fois millénaire." Comme chaque année, Bordj Bou-Arréridj fête le nouvel an amazigh, Yennayer, qui coïncide avec le 12 janvier. Cette année, 2 968, placée sous le thème "Yennayer, un symbole et une histoire plusieurs fois millénaire" revêt un caractère exceptionnel. Toute une semaine de fête est organisée à travers les 34 communes de la wilaya et un programme riche en activités est prévu pour l'occasion, pour mettre en valeur la dimension amazighe de l'identité algérienne. Les festivités se déroulent dans une atmosphère et ambiance particulières, d'autant que la journée est désormais chômée et payée sur décision du président de la République. À Bordj Bou-Arréridj, les associations à caractère social et culturel ont entamé, depuis dimanche, leurs festivités qui dureront jusqu'au 12 janvier, correspondant au premier jour du calendrier berbère. Durant cette semaine culturelle berbère, les placettes, les centres culturels, les théâtres de toutes les communes de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj ne désempliront pas, tant les animations culturelles, les expositions de tableaux, l'art culinaire berbère, les produits de terroir et le patrimoine berbère, les habits kabyles et autres projections de films en rapport avec l'histoire et la culture amazighes retiendront l'attention du public. Des troupes de danse, des conteurs populaires et d'autres artistes en plus d'ateliers d'apprentissage du Tifinagh sont aussi du programme. Les objectifs qui lui sont assignés aujourd'hui sont, entre autres, "valoriser l'identité culturelle de l'Algérie antique". Sa célébration s'explique par l'importance accordée aux rites agraires et aux superstitions de l'époque dont certaines subsistent encore de nos jours, défiant les siècles dans nos campagnes. L'année amazighe est en fait issue du calendrier julien, dont elle a emprunté la répartition des 12 mois ainsi que la dénomination romaine de ces derniers tout en gardant les rites, les croyances et l'esprit amazigh. Dans les faits, le calendrier a toujours été pris en compte dans les campagnes algériennes. Depuis quelques décennies, les célébrations se sont imposées comme un principe identitaire des populations nord-africaines et fédérateur des revendications et demandes de reconnaissance officielle de la culture amazighe. Chose faite, principalement en Algérie où la constitution consacre l'amazigh comme langue officielle et dernièrement par l'officialisation de la journée de fête nationale, chômée et payée. Depuis quelques années, les célébrations du nouvel an amazigh sont de moins en moins timides, elles revêtent, cette année, un caractère officiel dans toutes les régions du pays. Pour le docteur Mokhtar Guissous, chercheur à l'université Bachir-El Ibrahimi de Bordj Bou-Arreridj, "la célébration de Yennayer est un acte d'affirmation d'une nation amazighe dont l'histoire est plusieurs fois millénaire. L'acte fondateur de ‘l'ère' amazighe pour en faire le point zéro du calendrier est un fait historique, qui remonte à l'an 950 avant Jésus-Christ. La date correspond à la fondation de la première dynastie de pharaons berbères. Il s'agit de l'installation du roi Sheshonq 1er sur le trône d'Egypte. Le roi amazigh avait réussi à unifier l'Egypte et pousser ses frontières jusqu'en Palestine. La légende lui attribue la mise à sac des trésors du temple de Salomon à Jérusalem. Une date mentionnée dans la Bible et constituant la première date de l'histoire berbère sur un support écrit". Chabane BOUARISSA