Décidément, la JS Kabylie, jadis club modèle en matière de gestion et de stabilité, continue de patauger malheureusement dans un bourbier d'où elle n'arrive plus à s'extirper. Et pour cause, les grosses fissures apparues durant le week-end dernier au sein du directoire kabyle ont finalement donné lieu à une grave implosion puisque Azzedine Aït-Djoudi, qui, quelque part, a été démis de ses fonctions d'entraîneur en chef des Canaris pour se consacrer essentiellement à sa mission de membre du directoire, a fini par démissionner aussi du directoire pour jouer carrément la "défense en ligne" et mettre ainsi Lakhdar Madjène et Saïd Zouaoui en position de hors-jeu afin de provoquer la dissolution pure et simple du directoire. "Madjène et Zouaoui m'ont carrément écarté de tout pouvoir de décision depuis quelques jours déjà, et je n'ai pas hésité à remettre ma démission par écrit, ce mardi matin, tout en espérant que le directoire et le conseil de surveillance seront dissous et que le conseil d'administration du club sera rétabli dans ses droits pour me permettre de postuler comme actionnaire et envisager ainsi une ère nouvelle pour le club", a déclaré hier Aït-Djoudi. De son côté, Madjène donne une autre version sur le cours des évènements. "Non, Aït-Djoudi a accepté de se retirer du staff technique pour se consacrer exclusivement aux missions du directoire et nous l'avons même consulté dimanche soir pour le recrutement de l'entraîneur marocain Badou Zaki, ce à quoi il a donné son accord tout en précisant qu'il avait de grands liens d'amitié avec le technicien marocain qui devait d'ailleurs arriver ce jeudi mais qui nous a contactés de nouveau pour reporter son arrivée à dimanche car empêché par des affaires personnelles", dira Madjène tout en précisant que "si Aït-Djoudi nous a tourné le dos pour des raisons inavouées, je tiens à lui dire que j'ai le droit de procéder à son remplacement par un membre du conseil d'administration pour permettre au directoire de poursuivre sa mission au service de notre club de cœur et de riposter à toute cette campagne honteuse de déstabilisation contre l'opération de redressement salutaire du club que nous menons depuis quelque temps et que nous réussirons avec le soutien de tous nos supporters". Pour sa part, le porte-parole du conseil de surveillance, Mami Zeghdoud, nous a confirmé qu'il avait bien reçu la demande de démission écrite d'Aït-Djoudi, hier matin, et que "le conseil de surveillance doit se réunir en urgence ce matin pour analyser la situation qui prévaut actuellement au sein du club et proposer des solutions radicales lors de l'AG extraordinaire du conseil d'administration du club prévue cet après-midi à 14 h à l'hôtel Concorde de Tizi-Ouzou". Aux dernières nouvelles, les tractations de coulisses n'ont pas manqué, ces derniers jours, et l'on croit savoir que le directoire et le conseil de surveillance de la JSK risquent d'être proposés à la dissolution dès cet après-midi pour retourner, en fait, à la case départ qui consiste à rétablir dans ses droits initiaux le conseil d'administration pour décider enfin de l'ouverture du capital du club d'ici au 25 janvier et envisager ainsi l'entrée de nombreux investisseurs potentiels à l'image de Chérif Mellal, par exemple, qui ne veut pas baisser les bras pour entrer au sein du club et envisage même de postuler pour la présidence du club kabyle. "Il n'y a que l'ouverture du capital qui peut sauver la JSK d'une situation désastreuse. Personnellement, je dispose d'un chèque de garantie de dix milliards de centimes qui constituerait une bouffée d'oxygène pour payer tous les joueurs et apurer les dettes du club tout en présentant mon plan de gestion du club à court, moyen et long terme pour renforcer notre équipe avec de bons joueurs et un bon entraîneur à l'image de Nourredine Saâdi avec lequel je suis en contacts avancés depuis quelques jours déjà", nous a déclaré, hier, en fin de journée, Mellal qui a tenu à préciser que "si d'ici à là, il y a un actionnaire d'envergure qui se présente pour prendre le club, il est de mon devoir de lui céder la place car il y va de l'intérêt suprême d'un club qui nous est très cher". Cela dit, face à tout cette "révolution de palais" où tous les coups sont permis, les milliers de supporters kabyles, en Algérie et à l'étranger, semblent totalement déboussolés et ne savent plus à quel saint se vouer car l'avenir du club n'a jamais été aussi hypothéqué qu'en cette saison de tous les dangers. N'est-ce pas que la grande famille de la JSK et tous les anciens joueurs et dirigeants qui ont fait la gloire et la grandeur du prestigieux club amazigh n'ont pas le droit de rester les bras croisés et de voir un tel patrimoine s'effriter de jour en jour ? Mohamed HAOUCHINE