Le corps médical se montre plus que jamais uni face à la détresse des médecins résidents. Les hospitalo-universitaires, solidaires des médecins résidents, violemment réprimés, la semaine dernière, par la police, ont tenu un imposant rassemblement pacifique, hier, à l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger. Les médecins résidents ont été particulièrement soutenus par le Syndicat national des enseignants et chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu), qui a appelé à une journée nationale de protestation. Selon les syndicalistes, cet appel a été suivi à hauteur de "80%" du personnel hospitalo-universitaire dans les structures publiques de santé de la capitale. "Outrés par la violence avec laquelle ont été traités nos jeunes médecins, nous ne pouvons rester indifférents face à cette triste réalité. D'où notre action d'aujourd'hui pour exprimer notre entière solidarité et notre soutien à nos jeunes étudiants et confrères. La grève nationale à laquelle a appelé le Snechu a été suivie par 80% des hospitalo-universitaires (résidents et professeurs), dans la capitale, le reste du personnel étant appelé à assurer le service minimum", affirme le Dr Mourad Ouali, membre du bureau national du Snechu, du service de réanimation du CHU de Beni Messous. Dénonçant toute forme de violence à l'égard de l'élite du pays qui ne réclame pas plus que des droits socioprofessionnels, le représentant du Snechu appelle le ministre de tutelle à "l'ouverture d'un dialogue national avec l'ensemble des partenaires et personnels de la santé pour trouver les solutions qui s'imposent pour le règlement définitif des problèmes posés par les médecins résidents". Une requête que partagent les médecins résidents qui dénoncent également le "mutisme" du département de Mokhtar Hasbellaoui. "Depuis le déclenchement de notre mouvement à ce jour, nous n'avons rien vu venir de la part du ministre de la Santé qui refuse tout dialogue avec nous", regrette le Dr Saddek Hamlaoui, résident affecté au service orthopédie du CHU de Bab El-Oued. Le jeune médecin, en cinquième année de résidanat, rappelle que la revendication phare des résidents reste l'abrogation de l'obligation du service civil imposé depuis l'indépendance au corps médical fraîchement formé. "Nous ne réclamons pas l'abrogation du service civil en soi, mais nous refusons qu'il soit obligatoire. Nous ne sommes pas contre nos concitoyens des régions des Hauts-Plateaux et du sud du pays. Bien au contraire, nous militons pour qu'ils accèdent aux soins dans différentes spécialités, comme l'ensemble des Algériens des régions du Nord, mais le service civil est loin de constituer la solution", a-t-il expliqué, mettant en avant l'exemple des pays voisins, le Maroc et la Tunisie, qui ont renoncé à ce système depuis quelques années. L'autre revendication est relative à la dispense du service militaire des jeunes âgés de 30 ans et plus décidée par le ministre de la Défense nationale dont est exclu le corps médical. "Pourquoi ce deux poids, deux mesures ?", s'offusque le jeune résident, lui-même exclu de ce droit constitutionnel. Farid Abdeladim