Au moment où se tient à New York la conférence sur le Traité de non-prolifération, avec pour objectif d'empêcher les activités nucléaires sensibles dans de nouveaux pays, l'Iran se déclare déterminé à poursuivre le processus lui permettant de maîtriser l'enrichissement d'uranium qui ouvre, de facto, la voie à la bombe atomique. Par cette déclaration, qui prend de court les efforts de l'UE pour lui faire renoncer ce stade technologique, Téhéran revendique son droit à maîtriser la technologie nucléaire civile, d'autant plus que le pays, argumentent ses dirigeants, est signataire du TNP. Les Etats-Unis ne l'entendent pas de cette oreille, mettant en doute les engagements iraniens quant à la nature purement civile de leurs activités nucléaires. Alors que l'AIEA n'a pas encore bouclé son rapport définitif sur le nucléaire iranien, le secrétaire général de l'ONU vient de conforter les Etats-Unis en déclarant devant la conférence du TNP que le régime de non-prolifération ne sera pas crédible si davantage d'Etats développent les phases les plus sensibles du cycle du combustible nucléaire et se dotent de la technologie de produire une arme en peu de temps. Téhéran se dit très préoccupé par les menaces d'agression qui pèsent sur ses installations nucléaires, qui sont citées depuis des mois comme des cibles possibles d'attaques américaines ou israéliennes. L'Iran a, cependant, assuré que les négociations avec l'Union européenne se poursuivront et, dans ce laps de temps, la suspension par lui de l'enrichissement continue. Téhéran a accepté en novembre 2004 auprès des trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) de suspendre toutes ses activités relatives à l'enrichissement, contre l'ouverture de négociations en vue d'un accord de coopération technologique, commerciale et politique. Les Iraniens ont cependant signifié à plusieurs reprises leur mécontentement à leurs interlocuteurs, jugés par eux trop fidèles au point de vue américain. En réalité, l'Iran veut négocier directement avec les Etats-Unis avec lesquels le contentieux est très lourd. Une reprise de l'enrichissement conduirait à l'arrêt des discussions, a prévenu lundi le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, en marge de la conférence sur le TNP. La partie européenne sait que nous n'avons pas peur des menaces, lui a rétorqué le représentant iranien, Assefi, dénonçant son alignement sur les thèses américaines. Coupant court aux supputations selon lesquelles l'Iran ne serait intransigeant que pour des motifs électoraux, Assefi a assuré que la présidentielle iranienne, prévue le 17 juin, n'avait aucune influence. Les ayatollahs visent à récupérer la présidence de la République que les électeurs avaient confiée par deux fois au réformateur Khatami mais qui, en contre- partie, n'a rien pu faire face à l'omniprésence des religieux dans le pouvoir. D. B.