La crise du nucléaire iranien se poursuit avec ce qui est somme toute la conséquence d'un long bras de fer, et celui-ci tend à se poursuivre, bien que l'Iran mis en cause ou tout simplement menacé d'une action internationale, relativise. Le travail diplomatique se poursuit, indique-t-on, à Téhéran (voir entretien ci-dessous), sans dire de quelle manière et avec qui. Il est vrai que l'Iran a annoncé hier qu'une délégation allait se rendre en Russie dans les tout prochains jours. Mais simultanément, ou concomitamment Téhéran a aussi annoncé, - mais c'est là une confirmation- la reprise de ses travaux d'enrichissement d'uranium en jugeant « inacceptable » d'arrêter ses « recherches » dans ce domaine, selon un haut responsable iranien. Javad Vaidi a confirmé la reprise de l'enrichissement d'uranium, en expliquant que « les travaux ont recommencé », à l'usine d'enrichissement de Natanz (centre). Il est « inacceptable que nous arrêtions nos recherches », a dit par ailleurs ce membre du Conseil suprême de la sécurité nationale en jugeant que « la substance même du programme nucléaire est l'enrichissement » d'uranium. Téhéran avait annoncé lundi la levée « imminente » des scellés et l'enlèvement des caméras de surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans son usine de Natanz. Preuve que tout est suivi de l'extérieur dans le moindre détail, des sources « diplomatiques » à Vienne avaient donné cette information dès lundi. L'usine de Natanz comprend deux unités d'enrichissement. L'une est un projet pilote vouée à la recherche, et l'autre une installation à but industriel, en cours de construction. S'agissant de cette dernière, M. Vaidi a indiqué que l'Iran avait « besoin de temps pour arriver à la capacité industrielle, avec jusqu'à 60 000 centrifugeuses (d'enrichissement d'uranium), mais nous avons commencé nos activités ». Il a précisé que son pays ne voyait « aucune raison pour l'instant de revenir à la suspension » de ses activités à Natanz, alors que l'AIEA lui a expressément demandé un tel geste dans une résolution adoptée le 4 février. L'Iran a annoncé le 10 janvier la reprise de ses activités de recherche liées à l'enrichissement d'uranium. Il a ensuite annoncé le 4 février de mettre fin au régime renforcé de contrôle de son programme nucléaire par l'AIEA et de reprendre des activités, notamment liées à l'enrichissement industriel d'uranium. M. Vaidi a justifié la série de gestes unilatéraux de son pays par le fait qu'« après avoir montré notre bonne volonté au cours des trois dernières années... les Européens nous ont demandé de renoncer totalement au cycle du combustible nucléaire ». Les Occidentaux refusent notamment que l'Iran procède à l'enrichissement d'uranium sur son territoire, car ils estiment que le pays n'a pas fait la preuve que son programme nucléaire a un but uniquement civil. Dans le même temps, ce responsable a annoncé qu'une délégation de son pays se rendra le 20 février à Moscou pour discuter d'un plan russe d'enrichissement d'uranium. Cette délégation devait se rendre à Moscou jeudi. La partie iranienne avait annoncé lundi le report de la visite, prévue initialement le 16 février, en faisant état de « nouveaux éléments », notamment le fait que « le gouvernement (iranien, ndlr) insiste sérieusement sur l'enrichissement d'uranium à but pacifique à l'intérieur du pays ». M. Vaidi n'a pas détaillé la position de son pays quant à la proposition russe. Cette proposition a le soutien des Européens et des Américains, qui y voient le moyen d'empêcher l'Iran de procéder à l'enrichissement d'uranium sur son propre territoire. Mais le responsable a implicitement rappelé que l'Iran tient à l'enrichissement d'uranium sur son sol. « Nous sommes prêts à mener des négociations et à l'entente avec la communauté internationale pour trouver une solution qui garantisse le non-détournement de notre programme d'enrichissement sur notre propre sol », a dit M. Vaidi. Les Occidentaux refusent que l'Iran maîtrise ce procédé, car il permet d'obtenir la charge nécessaire à une arme nucléaire. Les Iraniens ont toujours nié que leur programme nucléaire civil dissimule un volet militaire. Dans sa résolution du 4 février, l'AIEA a demandé à l'Iran de suspendre notamment toutes ses activités liées à l'enrichissement d'uranium, et informé le Conseil de sécurité des Nations unies du dossier iranien. L'agence onusienne doit se réunir à nouveau le 6 mars pour constater dans quelle mesure l'Iran s'est conformé à ses demandes et décider éventuellement d'un renvoi du dossier iranien au Conseil. Le constat semble déjà fait. Mais qu'en sera-t-il de la position des Occidentaux ?