L'Iran a menacé hier de riposter à une résolution de l'ONU en bloquant le travail des inspecteurs des Nations unies, à quelques heures du vote par le Conseil de sécurité d'un texte sanctionnant ce pays pour ses activités nucléaires sensibles. Un vote était annoncé hier à New York, après d'ultimes marchandages entre les six pays chargés du dossier nucléaire iranien, sur le projet de résolution sanctionnant l'Iran pour son refus de suspendre son enrichissement d'uranium. Mais depuis des semaines, Téhéran multiplie les avertissements, répétant que rien ne l'arrêterait dans son programme nucléaire et menaçant de bloquer le travail sur le terrain des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Un texte de loi permettant de bloquer ces inspections a déjà été adopté par les commissions de Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Parlement. Le président du Parlement, Gholam Ali Hadad Adel, a assuré hier que le projet serait présenté aux députés en cas de vote de la résolution à l'ONU. « Si l'Iran fait l'objet de pressions, nous n'aurons pas d'autre choix que de porter ce projet devant le Parlement pour être débattu », a affirmé M. Hadad Adel à la télévision. Le Parlement iranien, largement dominé par les conservateurs, devrait alors en toute logique approuver le texte. « Si des efforts sont faits pour priver la nation iranienne de son droit inaliénable à se doter d'une technologie nucléaire pacifique, le Parlement ne renoncera pas à ce droit national », a prévenu le président du Parlement. En février, l'Iran avait cessé d'appliquer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), qui permet un large accès aux installations nucléaires, après l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution pressant Téhéran de geler l'enrichissement d'uranium. Jusqu'à présent cependant, l'Iran a continué à autoriser les inspecteurs de l'ONU à visiter ses sites nucléaires, comme l'usine d'enrichissement d'uranium près de la ville de Natanz, dans le centre du pays. Les grandes puissances occidentales craignent que l'Iran, sous le couvert de nucléaire civil, ne cherche à se doter de l'arme atomique. Mais Téhéran, qui dément de telles intentions, reste ferme dans son intention de poursuivre son programme d'enrichissement d'uranium et a menacé de « représailles » en cas de sanctions. « La politique de coopération avec l'AIEA doit être revue au regard des mesures prises par le Conseil de sécurité », a réaffirmé hier Alaeddin Boroujerdi, le président de la commission de Sécurité nationale. « Non seulement cette résolution n'aura aucun effet, mais elle renforcera la détermination du Parlement et du gouvernement à développer la technologie nucléaire », a-t-il assuré. Après des semaines de discussions, le Conseil de sécurité devait voter hier une résolution prévoyant essentiellement des sanctions économiques et commerciales contre l'Iran dans les domaines touchant aux technologies sensibles en matière nucléaire et balistique. Les discussions sur les termes de la résolution auront duré deux mois exactement, le projet de résolution ayant été mis en circulation le 23 octobre dernier. Hier, un journal conservateur a appelé l'Iran à se retirer du TNP en cas d'adoption de sanctions. « Nos responsables doivent saisir cette occasion pour punir l'Occident et annoncer le retrait de l'Iran du TNP en cas d'adoption d'une résolution » contre Téhéran, a écrit le quotidien Kayhan à quelques heures du vote à New York.