Le Syndicat national des architectes agréés algériens (Synaa) dénonce avec vigueur le "marasme" qui caractérise la corporation et les conditions lamentables dans lesquelles ses adhérents exercent leur métier. Pour le Synaa, l'Ordre des architectes, censé être à l'avant-garde de la défense des droits des architectes, est dévié de sa vocation initiale, sa raison d'être, par ses actuels dirigeants. Les membres de ce syndicat n'hésitent pas à parler d'un conflit d'intérêts entre les architectes et les responsables du secteur de l'habitat. "La crise grave et profonde mai aussi récurrente qui secoue l'institution de l'Ordre des architectes hypothèque les aspirations de la corporation et marque un recul net et dramatique par rapport au rôle social, culturel, économique et politique que doit jouer l'architecte", déplore Fouad Hireche, membre du conseil national du Synaa, au cours d'une rencontre-débat organisée, hier, par le syndicat. Dès son institution en 1995, souligne le Synaa, l'Ordre a subi de la part de l'administration un "désintérêt qui l'a placé dans un état végétatif permanent, le privant du minimum de viabilité pour répondre à sa mission primordiale, qui est celle de défendre l'intérêt public de l'architecture". Placé pourtant auprès d'un département ministériel, il a toujours été confronté à une administration "incapable d'envisager" la nécessité de l'émergence d'un corpos professionnel en mesure d'agir et de relever les gros défis de l'économie du bâtiment qui se posent à la société algérienne en matière d'architecture et d'urbanisme. L'ordre des architectes est ainsi traversé par deux ailes qui s'affrontent souvent avec violence pour "gagner" la présidence de cette instance. L'enjeu est, bien évidemment, un plan de charges, un carnet de commandes publiques à remplir. D'où, l'existence de deux ordres qui activent en même temps. Après les deux congrès, l'Ordre est devenu un "champ de bataille et de luttes intestines entre ses membres au lieu que ces derniers s'occupent de la profession", avoue Mohand Larbi Boutrid, deuxième vice-président du Synaa, qui veut déstabiliser... l'Ordre établi par l'équipe dirigeante de l'instance ordinale. Cet architecte affiche clairement sa volonté de dissoudre ou, du moins, de combattre cette organisation (Ordre) pour en créer un autre qui servira les intérêts de la profession. Il trouve inconcevable qu'aucun bilan financier et moral n'ait été présenté par les responsables de cet Ordre depuis 1995 à ce jour. Même s'il partage pleinement ce réquisitoire à l'encontre de la structure ordinale, le président du Synaa, Achour Mihoubi, estime, néanmoins, que c'est au syndicat d'être une véritable force de propositions dans le secteur de la construction. Par ailleurs, les différents professionnels, qui ont pris part à cette réunion, ont mis l'accent sur l'obsolescence des textes de loi régissant la profession. Il est inadmissible, affirme M. Hireche, que l'on continue à qualifier l'architecte d'"artisan qui exerce une profession libérale". Or, l'une des missions de l'Ordre est de défendre les droits des architectes, et non pas de se contenter uniquement de recouvrer les cotisations de ses adhérents. Ce qui est encore aberrant aux yeux des syndicalistes du Synaa, c'est d'assujettir l'agrément de l'architecte au paiement des cotisations au sein de l'Ordre ! Face à ce constat peu reluisant établi sur l'architecture algérienne, les éléments du Synaa recommandent une refonte ou, carrément, une refondation de l'Ordre des architectes. B. K.