La situation a dégénéré lorsque les manifestants ont voulu défoncer le portail de la daïra et pénétrer de force à l'intérieur du bureau du chef de daïra. Des affrontements ont éclaté, hier en fin d'après-midi, entre les demandeurs de logements sociaux et les forces de l'ordre au niveau de la commune de Sour El-Ghozlane (sud de Bouira), faisant un blessé parmi les policiers et six blessés chez les manifestants, qui ont fermé le siège de la daïra, dans le but de réclamer l'affichage des listes des bénéficiaires. Ainsi, c'est vers 15h que des dizaines de protestataires, issus de plusieurs communes de Sour El-Ghozlane, se sont rassemblés devant le siège de la daïra pour exiger l'affichage de la liste des 350 logements sociaux destinés à cette importante daïra de la wilaya. Après un sit-in de plus de 45 minutes, où aucun incident notable n'a été enregistré, les choses ont dégénéré lorsque les manifestants ont voulu défoncer le portail de la daïra et pénétrer de force à l'intérieur du bureau du chef de daïra. Les services de l'ordre ont donné l'assaut d'une manière assez musclée. Là, des émeutes ont éclaté. Aux coups de matraques des policiers, les manifestants ont "répondu" par des jets de pierres. L'artère principale de la ville a été barricadée par les émeutiers avec des pneus enflammés et autres objets hétéroclites. C'est à 16h30 que la situation s'est, quelque peu, calmée, avec l'intervention des représentants de la société civile locale et de ceux du comité des demandeurs de logements sociaux de Sour El-Ghozlane. Bilan de ces échauffourées : un policier grièvement blessé à la tête et six manifestants blessés à divers endroits et une dizaine d'interpellations. S'agissant du fond du problème, il faut savoir que les listes des bénéficiaires des 350 logements sociaux de Sour El- Ghozlane font l'objet de nombreuses contestations, et ce, depuis le mois de novembre 2017. L'ex-wali de Bouira, Mouloud Chérifi, avait annoncé son affichage au mois de juillet dernier, mais l'actuel premier magistrat de la wilaya l'a "bloquée" et demandé son "assainissement" auprès de la commission de daïra au mois de décembre passé. Depuis, c'est le silence radio sur ce dossier. "Nous, demandeurs, qui ne faisons qu'attendre depuis 10, 15, 20 ans, disons halte ! Nous ne pouvons plus supporter ce feuilleton interminable fait de mauvais épisodes qui n'apportent que déception sur déception", affirment nombre de contestataires. "En 2016 et au lendemain de la distribution des logements sociaux à Sour El-Ghozlane, on nous a parlé d'un nouveau quota pour le mois de janvier 2017, cependant, au mois de mars, nous avons appris que l'opération a été reportée pour le mois de juin, puis décembre 2017, mais nous sommes à la mi-janvier 2018 et l'on nous avance encore une autre date, qui serait pour le mois d'avril. Alors, nous commençons à douter de l'existence d'un programme de logements du type social à répartir au niveau de la wilaya", déclarent les protestataires. Ces ajournements à répétition et surtout le manque de communication des autorités à ce sujet ont fait que les demandeurs sont à bout de nerfs, ce qui a entraîné l'"implosion" d'hier. Ils ne savent plus à quelle porte frapper ni à quel responsable s'adresser. D'ailleurs, à Sour El-Ghozlane, les journées de dimanche et mardi sont devenues des journées à "haut risque", où sit-in, manifestations et autres attroupements des demandeurs de logements sociaux ont lieu de manière cyclique. RAMDANE B.