Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, qui était hier l'hôte de la wilaya de Béjaïa, a dû écourter sa visite pour regagner en catastrophe la capitale dans l'après-midi, après avoir inspecté et inauguré dans la matinée certains établissements scolaires à Melbou, Souk El-Tenine et Tala Hamza. La venue du premier responsable du secteur de l'Education nationale à Béjaïa, qu'on voulait comme une opportunité pour le règlement définitif des problèmes soulevés par la famille éducative, aura finalement contribué à accentuer davantage le climat de tension qui règne depuis plusieurs jours, du moins au niveau des établissements secondaires et techniques. Les enseignants se revendiquant du Cnapest (syndicat non agréé) se sont mobilisés, hier, pour faire de cette occasion une journée de protestation en organisant, en début d'après-midi, un rassemblement devant le siège de la wilaya. Les différents animateurs du Cnapest, qui ont eu à intervenir devant la foule, ont tenu à préciser que “la visite du ministre de l'Education à Béjaïa n'est qu'une manière d'occulter les véritables problèmes du secteur et la répression qui s'abat sur les professeurs pour le seul tort d'appartenir au Cnapest, car elle intervient dans un contexte caractérisé par une situation conflictuelle à l'échelle nationale entre, d'une part, le Cnapest qui aspire à une existence et à une autonomie syndicale et, d'autre part, une tutelle qui, au lieu de gérer le conflit social et professionnel, n'a pas trouvé mieux que de recourir aux méthodes répressives (poursuites judiciaires, interdiction de réunions…) et par conséquent aux atteintes graves aux libertés syndicales, seul rempart contre l'appauvrissement des salariés en général”. Les enseignants protestataires n'ont pas manqué d'exprimer leur “soutien indéfectible” à leur camarade Arezki Mahfi, PES à Akbou, qui est toujours sous contrôle judiciaire. Invité à prendre la parole, ce dernier lancera : “Nous ne reculerons jamais devant ces intimidations. Au lieu d'ouvrir les portes de son ministère à un dialogue responsable avec les vrais interlocuteurs, le ministre préfère ouvrir les portes des tribunaux. Qu'il ouvre même celles des prisons !” Par ailleurs, plusieurs lycéens bougiotes sont également sortis, hier, dans la rue, afin de réclamer leurs bulletins du deuxième trimestre, tout en se déclarant solidaires avec leurs professeurs syndicalistes. Devant cette forte mobilisation, M. Benbouzid, qui a effectué en début d'après-midi une virée dans l'école primaire des 13- Martyrs, située à Sidi Ahmed, sur les hauteurs de la capitale des Hammadites, a décidé d'annuler la séance de travail qui devait se tenir au siège de la wilaya et préféré faire un saut au siège régional de son parti, le RND, pour rendre visite à quelques militants avant de prendre le chemin de l'aéroport Abane-Ramdane pour regagner Alger par avion. Pour sa part, le président de l'APW de Béjaïa a rendu publique dans l'après-midi une déclaration, à travers laquelle il a fustigé Benbouzid qu'il a accusé “d'avoir fait preuve de négation à l'égard du mouvement de protestation des enseignants du secondaire qu'il aurait accusé de mouvement intégriste et technique à ancrage islamiste”. Pour M. Hamid Ferhat, “cette attitude cache mal une volonté de domestication intellectuelle de générations entières au regard de ce comportement méprisant”. K. O.