Le secteur de l'éducation nationale n'arrive toujours pas à sortir des turbulences. Les mouvements de grève rythment le quotidien de l'école, et ce, depuis des années. Les grèves du Conseil national du personnel enseignant du secteur ternaire (Cnapeste) en sont la meilleure illustration. Les actions de ce syndicat, qui a paralysé des établissements scolaires dans plusieurs wilayas et dont les revendications ne sont pas partagées par l'ensemble du corps enseignant, commencent à inquiéter les parents d'éleves, à juste titre. Ces derniers avertissent qu'ils saisiraient la justice pour garantir la scolarité à leur progéniture. C'était, en effet, le cas à Béjaïa, à Tizi Ouzou et à Blida où le syndicat s'est illustré par un débrayage qui a fait perdre plusieurs semaines de cours aux élèves. Dans ces wilayas, les parents d'élèves ont dénoncé avec force les grèves à répétition mais surtout étalées dans le temps. Surtout que le caractère régional des débrayages pose problème. Les parents d'élèves et même les observateurs de la scène syndicale croient y déceler, pour le moins, une surenchère, un recours abusif à la grève. L'annonce d'une grève illimitée en solidarité avec les grévistes des deux wilayas de Blida et de Béjaïa fait craindre une année blanche pour les élèves, surtout pour ceux inscrits dans les wilayas où de longues grèves ont eu lieu et dans celles où la grève se poursuit toujours. Le secteur de l'éducation étant un secteur névralgique, les conséquences d'une grève illimitée ne peuvent qu'être désastreuses. Près de 8 millions d'élèves risquent de payer les frais de ce bras de fer engagé entre Benghabrit et le Cnapeste. Il en coûtera à l'école de manière générale. Une école déjà terrain de luttes idéologiques. Des luttes qui, par moment, tentent à déteindre sur les préoccupations syndicales pour les y pervertir et s'en servir comme d'un carburant politique. D'ailleurs, il est utile de s'interroger sur toutes ces luttes syndicales qui n'ont, en aucun cas, évoqué le système éducatif dans son aspect pédagogique. Si la légitimité des revendications soulevées par les enseignants ne souffre d'aucune ambiguïté, il n'en demeure pas moins que certains procédés adoptés par certains syndicats laissent perplexe le plus téméraire des défenseurs des enseignants. Pourquoi recourent-ils souvent à la grève lorsqu'ils peuvent faire entendre leur voix par d'autres actions ? Ces grèves itératives peuvent être provoquées par la sourde oreille des autorités. Les canaux d'expression et de dialogue étant souvent obstrués, les syndicats sont souvent acculés à des actions radicales. Mais les parents d'élèves, inquiets pour la scolarité de leurs enfants, ne peuvent y souscrire. En tout cas, ils n'entendent pas rester indifférents. Le cnapeste, par sa grève répétée, a fini par se mettre à dos non seulement les parents, mais aussi les élèves, notamment ceux des classes d'examen. Finalement, la charte d'éthique convenue entre Nouria Benghabrit et les syndicats de l'éducation aura été une coquetterie inutile. Mohamed Mouloudj