Acculé de partout, le président IBK doit mettre les bouchées doubles pour sauver son bilan et le pays du chaos. Semaine sanglante au Mali. Le pays n'a pas connu une telle recrudescence des attentats terroristes qui ont touché différentes régions du pays. Ainsi après les attentats de la fin de la semaine dernière qui ont fait une quarantaine de victimes parmi les militaires et les civils, ces deux derniers jours ont enregistré encore deux attentats ayant ciblé des soldats et qui ont fait quatorze morts et quatre blessés parmi les forces militaires maliennes (Fama). Le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, a, d'ailleurs, fait l'impasse sur le sommet de l'Union africaine pour se rendre, ce samedi, à Boni, à la frontière avec le Burkina Faso où ont péri des civils dont le véhicule a sauté sur une mine. Aussi a-t-il, dans ce contexte de chaos et d'insécurité qui a touché pratiquement toutes les régions, rappelé la détermination des forces de sécurité à "barrer la route" aux groupes terroristes. "Ces gens savent notre détermination la plus farouche, la plus énergique à leur barrer la route. La montée en puissance réelle du G5 Sahel les a rendus littéralement fous. Boni hier, Soumpi aujourd'hui. Nous ne sommes pas dirigeants à être effrayés au point d'oublier notre mission qui est de défendre par tous les moyens possibles et imaginables notre vaillant peuple malien, vaillant peuple du Sahel", avait-il déclaré dans un discours à la Télévision nationale. Et de rassurer : "La prochaine montée en puissance réelle du G5-Sahel vers la mi-mars, et la détermination farouche, sans aucun doute possible, de l'engagement de nos hommes, les éléments de nos Forces armées maliennes dont nous sommes fiers, les a rendus littéralement fous." Cependant, malgré la légitimité d'Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) de mettre l'accent sur la situation sécuritaire qui est une priorité quand bien même son "réveil" semblerait, a priori, dicté par l'échéance électorale de juillet prochain où il remettra en jeu son mandat et en faire un élément de sa campagne électorale même s'il n'a pas encore annoncé sa candidature. Défi majeur donc s'il en est, mais pas le seul. Parce que, acculé de partout, le président IBK doit mettre les bouchées doubles pour sauver son bilan et le pays du chaos. En effet, l'ONU vient de le rappeler à l'ordre sur la question de la mise en œuvre de l'Accord sur la paix et la réconciliation nationale, dit Accord d'Alger, alors que le chef de la diplomatie algérienne lui a rappelé que l'Algérie s'est acquittée de sa tâche dans cet engagement invitant les Maliens à se prendre en charge eux-mêmes. Autrement dit, respecter leurs engagements. Aussi, devrait-il, parallèlement aux opérations de la force du G5 Sahel, engager des pourparlers avec Iyad Ag Ghali, pour isoler les groupes terroristes étrangers, même s'il prend le risque de s'aliéner la population qui demeure hostile à une telle perspective. Pourrait-il aussi s'appuyer sur l'approche algérienne, réitérée par M. Messahel à Addis-Abeba, ou celle entreprise par l'Afrique du Sud ? Mais cela sera d'autant plus difficile que les clivages ethniques entre le Sud et le Nord persistent et continuent de marquer les rapports entre les populations de ces deux régions. Ce qui est, entre autres, à l'origine de l'instabilité politique. Mais IBK compte bien rapprocher leurs positions à travers des consultations élargies. Il ne dispose cependant pas de suffisamment de temps, pressé par l'urgence de la lutte contre le terrorisme, la mise en œuvre de l'Accord d'Alger, la proximité des élections générales et de la présidentielle, et, plus encore, le défi du développement économique. Réussira-t-il alors à relever tous ces défis ? Djilali B.