L'émergence d'un monde nouveau dans le monde arabe est possible, pour peu que les peuples qui s'en revendiquent dépassent les préjugés et fassent preuve d'objectivité, a affirmé, avant-hier, le politologue Antoine Sfeir, à Annaba, où il a animé une conférence à l'invitation de l'institut français local. "Oui, il y a l'émergence d'un monde nouveau dans le monde arabe, mais on n'en parle pas. Ce sont les jeunes qui représentent 70% de la population des pays arabes et qui sont au chômage et qui ne pensent qu'à partir, mais partir c'est risquer de perdre ses origines et ressembler à cet arbre sec qui ne finit pas de mourir. Cette jeunesse, qui est pleine d'allant, d'imagination et d'initiatives, est aujourd'hui la chance de nos sociétés, c'est par elle que viendra le renouveau." Lors de cette rencontre, qui a eu lieu dans la grande salle de l'hôtel Sabri de Annaba, en présence d'un public nombreux, le politologue, directeur de rédaction des Cahiers de l'Orient et président du Centre d'études et de réflexion sur le Proche-Orient, Antoine Sfeir, a lancé ce message d'espoir aux jeunes générations notamment. Evoquant ce qui se passe dans la plupart des pays concernés, s'agissant des tiraillements idéologiques qu'exercent les différents courants islamistes sur les populations de ces populations, il a exhorté celles-ci à s'armer de savoir pour se libérer des tenants de l'obscurantisme, qui s'attellent à les diviser, plutôt que de les rassembler. "Lisez, apprenez ! Et ayez en tête la certitude que seuls ceux qui ont le savoir ont le droit d'interpréter le Coran", assénera M. Sfeir, avant d'inviter les peuples à faire la différence entre foi et religion. Faisant un survol sur ce qui se passe à travers le monde et tout particulièrement et relatant les événements qui ont marqué l'histoire des pays arabes depuis le début du siècle dernier, il fera constater à l'assistance que le résultat est là, que le monde arabe a été sciemment divisé et que les peuples qui le composent sont sous l'influence parasitaire des puissances occidentales. "Les renversements de régimes au Yémen, en Irak, en Egypte, en Libye qu'on a justifiés par la mise en place de supposées démocraties, mais on voit au final à quoi ont abouti ces actes d'ingérence, commis par lesdites puissances occidentales au nom des droits de l'homme", dénoncera encore le conférencier, tout en assurant que le monde se recompose, les pions de l'échiquier géopolitique étant en cours de redistribution. Antoine Sfeir, co-responsable du service étranger du quotidien francophone libanais L'Orient-Le Jour de 1968 à 1976, participe en 1977 à la fondation du journal J'informe. Jusqu'en 1989, il est journaliste à La Croix et au Pèlerin. C'est également un collaborateur du journal Le Point, des quotidiens l'Opinion et Le Figaro, ainsi que des revues Etudes, Esprit, Afrique et Asie Modernes et Politique internationale. A. Allia