A entendre l'essayiste et journaliste Antoine Sfeir, l'invité des éditions Sedia le monde arabe serait en plein chaos. Ce n'est pas la première fois que l'écrivain se déplace à Alger car selon ses propos il était déjà venu en incognito en touriste ou autre dans notre contrée qu'il " connaît bien et qu'il aime." Invité à animer deux conférences au Centre culturel français le mercredi et le jeudi dernier à l'occasion de la réédition par Sedia de son essai, " Vers l'Orient compliqué ", un succulent texte où même les moins initiés peuvent comprendre le conflit qui s'éternise du moyen Orient, Antoine Sfeir qui maîtrise sur le bout des doigts la politique internationale avoue n'être là que pour transmettre un savoir " qu'il ne cesse d'ingurgiter, le rendre accessible à tous. " Il parle comme il écrit ce grand spécialiste des questions internationales et du monde arabe. D'une sobriété et d'un didactisme déconcertants, le fondateur des " Cahiers de l'Orient " reviendra sur l'actualité politique internationale aussi bien que sur l'histoire des conflits qui minent le grand orient en général et le monde arabe en particulier.Ainsi à une question relative aux changements que peut apporter 'élection récente de Barak Obama à la tête des Etats-Unis d'Amérique, le conférencier ne semble pas très optimiste mais espère que le chapitre du dialogue avec les nations arabes soit rouvert." La grande attente qu'on puisse avoir, c'est de voir les régimes arabes dialoguer, se parler entre eux. Et parler veut dire se connaître, car c'est la voie de l'apaisement. Ça s'est déjà fait par le passé au sein de la Ligue arabe mais ils n'arrivent plus à le faire car il y a un renfermement voulu par la puissance unipolaire. Un renfermement de chaque Etat arabe sur lui-même qui a mené à l'éclatement du monde arabe. " a-t-il soutenu, précisant qu'après " la fin de la première guerre du Golfe, en 1991, lorsque l'Union soviétique est tombée, le monde est devenu unipolaire et tous les Etats se sont précipités vers la Maison-Blanche pour se faire reconnaître. Et c'est à ce moment-là qu'il y a eu éclatement du monde arabe. Ça a d'ailleurs été la descente aux enfers à partir de 1991 ".Touchant du doigt un phénomène récurent quant à la gestion des nation arabes de leur propre problème, le franco-libanais, Antoine Sfeir, déplore le fait que les " Arabes ont la fâcheuse manie de ne pas savoir compter sur eux-mêmes. Et les jeunes d'aujourd'hui, sur lesquels tous les espoirs peuvent être fondés, manquent malheureusement de culture sur le monde arabe, parce qu'ils n'ont pas été les récipiendaires d'une transmission de savoir. " a t-il regretté. Selon lui l'Algérie " est un pays qui a un énorme pouvoir. C'est l'une des capitales du nationalisme et un symbole du panarabisme. Elle a un rôle à jouer pour contrer l'éclatement du monde arabe. " ajoutant que ce n'est pas " par hasard que le monde arabe est dans un état d'éclatement. On assiste actuellement à l'achèvement de la construction stratégique américaine qui est d'affaiblir le monde arabe et de le mener à son éclatement par l'établissement de micro-Etats basés sur le communautarisme afin, bien sûr, de contrôler la région. "En un mot, Antoine Sfeir qui n'a cessé d'affirmer que " le monde arabe va mal et qu'il est dans des impasses meurtrières, dans des conflits " préconise aux peuples d'aller " chercher le savoir parce que ce qui est dramatique, c'est que des peuples sont contre leur propre Etat. Cela vient surtout du déficit du savoir, de la transmission du savoir dans ce monde arabe."