Les chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté par consensus le rapport du Conseil de paix et de sécurité appelant à la relance du processus de négociation entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en vue de parvenir à une solution durable au conflit les opposant. Maintenant que le Maroc est membre de l'UA, il est interpellé directement tout autant que le République arabe sahraouie démocratique pour reprendre les pourparlers de paix en vue de parvenir à une solution durable au conflit du Sahara occidental, qui soit conforme à la lettre et à l'esprit des décisions pertinentes de l'Organisation de l'Unité africaine, de l'Union africaine et des Nations unies. C'est le contenu du rapport présenté par le Conseil de paix et de sécurité de l'instance panafricaine adopté par consensus par l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement, qui ont participé à ce 30e sommet de l'organisation à Addis-Abeba les 28 et 29 janvier. L'UA a réitéré son appel aux deux Etats membres, en l'occurrence le Maroc et la RASD, à s'engager sans conditions préalables dans des pourparlers directs et sérieux, facilités par l'UA et l'ONU pour la tenue d'un référendum libre et juste pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Réaffirmant sa disponibilité à réactiver le Comité des chefs d'Etat et de gouvernement sur le Sahara occidental, institué par l'organisation continentale mère (OUA) en 1978, la Conférence demande aux deux parties de coopérer pleinement avec le Haut Représentant de l'UA pour le Sahara occidental, l'ancien président mozambicain Joaquim A. Chissano, et l'Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Horst Köhler. Dans le même ordre d'idées, le Maroc est invité, en tant qu'Etat membre de l'Union africaine, à permettre à la Mission d'observation de l'UA de retourner à Laâyoune, au Sahara occidental, et de permettre également un suivi indépendant des droits de l'homme dans le territoire. Rappelant sa déclaration adoptée lors de sa 24e session ordinaire tenue à Addis-Abeba, du 30 au 31 janvier 2015, sur le Forum de Crans Montana, une organisation basée en Suisse, pour que celle-ci s'abstienne de tenir ses réunions dans la ville occupée de Dakhla, au Sahara occidental, l'UA a appelé, à cet égard, tous les Etats membres, les organisations de la société civile africaine ainsi que les autres acteurs concernés à boycotter la prochaine réunion prévue du 15 au 20 mars 2018. Il ne fait aucun doute que le contenu de ce rapport n'a pas été apprécié par Rabat, qui a formulé des réserves sur certains passages, estimant qu'ils étaient en contradiction avec la position de l'ONU sur le statut du Sahara occidental. Ce sont notamment les paragraphes 117 et 118, qui ont été contestés par le Maroc. Dans le premier, il est demandé aux chefs d'Etat africains d'exhorter le Maroc, pays membre de l'UA, d'accepter le retour de la mission de l'UA pour le Sahara occidental à Laâyoune, alors que le second met l'accent sur l'instauration d'une mission de surveillance des droits de l'homme dans le territoire du Sahara, une question hautement sensible pour le Maroc, qui avait réussi à faire échouer un projet similaire à l'ONU en 2013. Merzak Tigrine