Par son occupation du Sahara occidental, le Maroc se trouve «moralement et politiquement» en dehors de l'Union africaine (UA) «bien qu'il en soit techniquement membre», a déclaré jeudi le Représentant du Front Polisario en France, Oubi Bouchraya. «Le 30e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, tenu à Addis-Abeba (Ethiopie) du 28 au 29 janvier 2018, vient de confirmer l'engagement de l'Afrique en faveur de «pourparlers directs et sérieux permettant l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions pertinentes de l'UA et de l'ONU», a-t-il indiqué dans une déclaration de presse reçue par l'APS. Le 30e sommet de l'UA s'est déroulé, a-t-il rappelé, en présence des deux parties au conflit, à savoir la République arabe sahraouie démocratique (RASD), membre fondateur de l'UA, et le Maroc, qui a adhéré à l'UA en 2017, faisant observer que pour «mieux accompagner» cette dynamique nouvelle, l'organisation panafricaine a décidé d'envisager la réactivation du comité de chefs d'Etat africains pour le Sahara occidental. Le représentant du Front Polisario en France a souligné que l'Union africaine «fait également sienne» l'appel lancé, à plusieurs reprises, par le Conseil de sécurité de l'ONU au Maroc, notamment sa résolution 2351 (avril 2017) demandant le retour des observateurs africains au sein de la MINURSO «dont 80 membres civils avaient été expulsés par le Maroc, dans un geste de défi à l'égard de la communauté internationale». Il a rappelé que l'urgente nécessité d'un suivi indépendant pour les droits de l'Homme au Sahara occidental, ainsi que le respect strict du statut juridique du territoire en tant que territoire sous occupation en voie de décolonisation «ont été réaffirmés par les membres de l'UA», faisant remarquer qu'un appel urgent a été lancé pour «boycotter toute activité organisée par la puissance occupante, notamment celle du Forum Crans Montana», prévu le mois prochain. «Le Front Polisario se réjouit de cette décision historique qui, tout en affirmant le soutien unanime de l'Afrique à la lutte légitime du peuple sahraoui, établit une feuille de route africaine renouvelée», a-t-il fait savoir estimant que cette décision «permettra de redynamiser le rôle historique d'une Afrique qui participe activement et positivement aux efforts de la communauté internationale en vue de régler pacifiquement le dernier conflit de décolonisation en Afrique». Pour lui, le Maroc, après avoir fait, pendant un an, le pari «visant à déstabiliser» l'organisation panafricaine (Malabo en novembre 2016, Dakar en mars 2017, Maputo en aout 2017 et Abidjan en novembre 2017), il est «désormais appelé par cette décision à adhérer aux valeurs politiques et morales de l'Union africaine après avoir ratifié son adhésion technique, en janvier 2017». «Il appartient désormais au Maroc de contribuer à une paix juste, durable et conforme à la légalité internationale», a-t-il avisé, soulignant que «tout autre pari sera voué à l'échec, car l'Afrique étant issue, dans sa majorité, de guerres anticoloniales, ne peut en aucun cas cautionner une colonisation d'un pays africain par un autre pays africain». Sahara occidental: la RASD satisfaite de l'appel de l'UA aux deux parties en conflit à entamer des discussions directes Le gouvernement sahraoui s'est félicité de la décision adoptée par le 30e sommet ordinaire de l'Union africaine (UA) tenu récemment à Addis Abeba appelant les deux Etats membres de l'organisation, la République sahraouie et le royaume du Maroc, à s'engager dans des pourparlers directs, sérieux et sans conditions préalables et à prendre les mesures nécessaires à l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental pour mettre un terme à leur conflit. «La décision historique adoptée par les dirigeants africains exprime une forte volonté africaine de concrétiser les objectifs et principes de l'UA adoptés par le Maroc qui est désormais appelé à les respecter, étant le 55e membre de l'organisation continentale, a indiqué mercredi l'Agence de presse sahraouie (SPS) citant un communiqué du ministère sahraoui des Affaires étrangères. Si la démarche africaine "procède de la conviction des Etats de l'union que l'entente et la coexistence entre la RASD et le royaume du Maroc est possible voire nécessaire, les dirigeants africains considèrent que la plus grande contribution que le Maroc peut apporter à la paix et la sécurité dans le continent est de mettre fin à son occupation des parties du territoire de la République sahraouie et se conformer aux frontières internationalement reconnues». Le gouvernement sahraoui s'est dit disposé à entamer des négociations directes avec le gouvernement marocain pour instaurer la paix entre les deux Etats voisins et membres de l'UA «sur la base des principes de cette dernière et des décisions et résolutions de la légalité internationale afférentes», selon le communiqué. L'UA avait adopté par consensus, au terme de son 30e sommet lundi, son soutien à la relance du processus de négociations entre le Maroc et la République sahraouie en vue de parvenir à une solution durable qui soit conforme aux décisions et résolutions de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), de l'Union africaine (UA) et décisions des Nations unies. La Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA a réitéré son appel aux deux Etats membres afin de s'engager sans conditions préalables dans des pourparlers directs et sérieux, facilités par l'UA et l'ONU pour la tenue d'un référendum libre et juste pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Tout en réaffirmant sa disponibilité à réactiver le Comité des chefs d'Etat et de Gouvernement sur le Sahara occidental, la Conférence a lancé un appel en direction des deux parties pour coopérer pleinement avec le Haut Représentant de l'UA pour le Sahara occidental, l'ancien Président du Mozambique, Joaquim A. Chissano, et l'Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Horst Kohler.