Le destin a fait qu'il disparaisse deux jours après la sortie de son ouvrage. Enseignant, journaliste et écrivain, mais son parcours militant reste peu connu. C'est sur insistance de ses amis qu'il a décidé d'écrire ce "témoignage", une sorte de récit très intimement personnel. Il a eu juste l'occasion de jeter un dernier coup d'œil à un exemplaire de sa dernière production Itinéraire d'un militant - Témoignage, que le patron des éditions Dahlab venait de lui présenter alors qu'il était alité. L'auteur Zahir Ihaddaden s'en ira deux jours après, le samedi matin. Il n'a pas eu le temps de voir son ouvrage en librairie, regrette son éditeur. D'emblée, l'auteur avertit qu'il avait longtemps hésité à se mettre à cet exercice, surtout pressé par ses amis, il a finalement accepté de publier "son témoignage". Divisé en deux parties, l'ouvrage se présente comme un "manuel" autobiographique qui plonge le lecteur dans l'arbre généalogique de l'auteur qui remonte, documents à l'appui, aux origines de sa famille originaire de Toudja, dans la wilaya de Béjaïa. Ce chapitre relate sous forme d'une liste des parents avec beaucoup de détails allant de leur progéniture à leurs fonctions ainsi que les rapports qu'entretenait l'auteur avec eux. Une longue liste de noms mais aussi des lieux répertoriés pour démontrer, avec documents datés et actés, l'appartenance d'Ihaddaden à Toudja, ce village connu surtout pour sa source et bien sûr pour cette famille de forgerons. Il relate bien entendu "ses écoles", l'école du village, Taher à Jijel, Thénia puis la medersa de Constantine où commence véritablement son parcours de militant politique. Il était déjà initié à travers des membres de sa famille qui rencontraient des militants. À commencer par l'Emir Khaled qu'il a eu à voir et dont il dit se rappeler malgré son jeune âge. La seconde partie est plutôt politique même si l'auteur garde son style didactique de "biographe". Elle va de son adhésion "précoce" au PPA alors qu'il était encore mineur jusqu'à la période post-indépendance. Un parcours qui mènera le natif de Sidi Aïch (Béjaïa) en 1929, de Constantine à Alger, Miliana, Marseille et Paris et Tétouan au Maroc où il sera désigné responsable de l'antenne marocaine du journal El Moudjahid. Et c'est à travers ce journal, réimprimé 15 jours après sa parution à Tunis, qu'il va subir un grand choc. Il découvre dans l'enveloppe de la copie de l'édition d'El Moudjahid, à la une, la photo de Abane Ramdane, donné pour être mort dans une embuscade. Il ne croit pas cette version officielle. "Ce n'est pas vrai, ils l'ont tué", dit-il à un camarade, Si Abderrezak. Et cela lui sera confirmé, dans l'après-midi même, par le responsable de la prison, Sadek, qui, le journal à la main, lui dira : "Celui-là, c'est nous qui l'avons tué." Il va lui montrer la tombe où Abane a été enterré après son exécution. "C'est l'un des grands chefs de la Révolution mais ne te culpabilise pas. Tu n'aurais pas pu refuser d'exécuter un ordre pareil", tentera Zahir pour le consoler. Il finira par perdre raison, révèle-t-il. Le second choc sera celui de la disparition de son frère Abdelhafid, un ingénieur en nucléaire, l'un des premiers algériens dans le domaine, un militant également, qu'il rejoindra d'ailleurs à Paris. Celui-ci a été tué dans un accident d'avion saboté par les services français. Il en parle d'ailleurs avec beaucoup de tristesse. Djilali B. Itinéraire d'un militant - Témoignage, de Zahir Ihaddaden, éditions Dahlab, prix 1000 DA