L'AS Aïn M'lila a obtenu gain de cause dans l'affaire qui l'oppose au WA Tlemcen, récupérant du coup trois des quatre points qui lui ont été défalqués, pour avoir aligné le joueur Noureddine Hachem, suspendu pour le match contre le WA Tlemcen (1-1). "Il a été décidé d'infliger un match perdu à l'AS Aïn M'lila par trois buts à zéro contre le WA Tlemcen, mais sans défalcation", a indiqué à l'APS une source de la commission de recours de la Fédération algérienne de football. Dans un premier temps, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel avait décidé de donner le gain du match au WAT (3-0) et une défalcation de trois points à l'ASAM, pour avoir aligné le joueur Hachem, non éligible pour le match contre le WA Tlemcen. En tout, l'ASAM aurait perdu 4 points (3 points défalqués + le point du nul). Du coup, une question s'impose : qu'est-ce qui a motivé ce changement de décision de la FAF ? La commission de discipline de la LFP a-t-elle mal interprété le code disciplinaire ? Voyons cela de près : le joueur de l'ASAM, Noureddine Hachem, titulaire de la licence n°093080002 a écopé de quatre avertissements depuis le début de la saison : le premier avertissement lors du match ASAM-JSMB du 22 septembre 2017. Le 2e avertissement lors du match ASMO-ASAM du 7 novembre 2017. Le 3e avertissement lors du match MCEE-ASAM du 17 novembre 2017. Et enfin le 4e avertissement lors du match ASAM-CABBA du 29 décembre 2017 (32es de finale de Coupe d'Algérie). Le 5 janvier 2018, à l'occasion de la rencontre de la première journée de la phase retour du championnat de Ligue 2, WAT-ASAM, le coach d'Aïn M'lila fait jouer Noureddine Hachem. La direction du WAT formule des réserves sur la participation de Noureddine Hachem et réclame le gain du match. La direction du WAT repose son argumentaire sur l'article 43 du code disciplinaire de la FAF qui stipule que "tout joueur ayant reçu quatre (4) avertissements au cours des rencontres jouées dans une catégorie d'équipe est, automatiquement, suspendu pour un match ferme pour la rencontre qui suit le quatrième (4e) avertissement. La sanction doit être purgée dans la catégorie d'équipe dans laquelle il a reçu les quatre (4) avertissements". Autrement dit, selon le WAT, Noureddine Hachem ne devait pas prendre part à la rencontre WAT-ASAM mais plutôt purger sa sanction lors de ce match. Le décompte des avertissements relève de la seule responsabilité des clubs Par voie de conséquence, l'ASAM tombe sous le coup des dispositions de l'article 82 alinéa 2 qui stipulent que la participation d'un joueur suspendu est sanctionné comme suit : "match perdu par pénalité. Défalcation de trois (3) points pour l'équipe fautive. Quatre (4) matchs de suspension ferme en sus de la sanction initiale pour le joueur fautif. Un (1) mois de suspension ferme de toute fonction officielle pour le responsable concerné du club. Quatre (4) matchs de suspension ferme de toute fonction officielle pour l'entraîneur du club. Trois cent mille dinars (300 000 DA) d'amende pour le club." Ce que la commission de discipline a appliqué rigoureusement. Cependant, l'ASAM a permis la participation de Noureddine Hachem à cette rencontre en pensant que les trois premiers avertissements cumulés lors de la phase aller du championnat de Ligue 2 qui a pris fin le 15 décembre, sont annulés conformément à l'article 34 du code disciplinaire qui stipule que "les avertissements dont le nombre est inférieur ou égal à trois (3), infligés à un joueur avant la date du 1er match de la phase retour sont annulés". Elle a considéré que le match ASAM-CABBA du 29 décembre 2017 (32es de finale de la Coupe d'Algérie) fait partie de la seconde phase de la compétition (phase retour) et constitue donc la première rencontre de cette seconde phase. Pour l'ASAM, l'avertissement reçu le 29 décembre 2017 (32es de finale de la Coupe d'Algérie) est le premier de la phase retour pour Noureddine Hachem, les trois premiers étant déjà annulés à la date du 15 décembre. Or, l'article en question est clair : il s'agit bel et bien des avertissements reçus avant la date du premier match de la phase retour du championnat sinon le législateur aurait écrit tout simplement : les avertissements reçus à la fin de la phase aller. C'est la raison pour laquelle justement la commission de recours de la FAF a maintenu la sanction de match perdu sur tapis vert pour l'ASAM au profit du WAT. La commission de recours décrète là, de facto, que le joueur n'avait pas le droit de participer à la rencontre WAT-ASAM du 5 janvier 2018 et en même temps elle ne défalque pas les trois points comme prévu par le code disciplinaire. Pour justifier la non-défalcation de points, la commission de recours de la FAF a invoqué la bonne foi de la direction de l'ASAM qui n'avait pas l'intention de frauder, arguant que le code disciplinaire ne précise pas si le match de Coupe entre dans le cadre de la phase aller ou retour du championnat. Cet argument ne tient pas la route. Il faut savoir que le code disciplinaire précise que "le décompte des sanctions, avertissements ou autres relève de la seule responsabilité des clubs". En vérité, la commission de recours aurait dû confirmer le premier verdict de la commission de discipline, car une équipe a soit fauté, soit pas fauté. La commission de recours de la FAF pour ne léser aucune partie a préféré couper la poire en deux au mépris de la loi, en piétinant son propre code disciplinaire. Le WAT fera-t-il appel de cette décision au TAS d'Alger ? Pas sûr dès lors que le compromis — le deal serait le mot juste — est déjà là. En tout cas, cette décision de la FAF fera jurisprudence pour tout club qui alignera un joueur suspendu ! SAMIR LAMARI