La suppression des subventions est le plus gros dossier sur la table du gouvernement. Suite à l'entretien accordé à l'APS dont une première partie a été publiée dimanche dernier, le ministre a soulevé un coin du voile sur la suppression des subventions que compte appliquer le gouvernement Ouyahia probablement à partir de janvier prochain. "Les subventions seront adressées directement aux personnes concernées. Les bénéficiaires seront classés par catégorie et le montant de la subvention sera proportionnel aux revenus des ménages. Les ménages concernés recevront des chèques mensuellement en guise de subventions", indique Mohamed Benmeradi. Le dossier des subventions est le plus gros dossier qui est sur la table du gouvernement, a-t-il ajouté. Il a précisé que l'intérêt de cette réforme est de mettre de côté le système des subventions généralisées pour aller vers un système ciblé, c'est-à-dire instituer des prix libres pour le pain, le lait en sachet, l'huile et le sucre impliquant une augmentation conséquente de leur prix et accorder en compensation une aide financière aux plus démunis. Pas d'augmentation du prix du pain en 2018 Sur l'identification de ces bénéficiaires de ces chèques, le ministre a répondu que le fichier national des personnes physiques nécessiteuses et destinataires de cette subvention sera élaboré en collaboration, essentiellement, avec le ministère de l'Intérieur, la Caisse nationale des assurances sociales et les Directions de l'action sociale des wilayas (DAS). Le gouvernement planche sur le sujet. Il s'agit de déterminer les bénéficiaires de ces chèques. Un gros chantier qui consiste à identifier ces nécessiteux et à fixer le seuil de revenu à partir duquel le citoyen concerné est éligible : 1 à 2 fois le SNMG (18 000 DA) ou 1 à 3 fois le SNMG. Un travail difficile parce qu'il s'agit de déterminer le seuil de pauvreté ou le seuil de revenu à partir duquel l'individu peut être classé personne démunie. Il s'agit également de fixer le montant de ce chèque. La question est de savoir si ce système sera bien ficelé et qu'il ne favorise pas le détournement des aides au profit d'indus bénéficiaires comme ce fut le cas dans la distribution des couffins du ramadan. Le gouvernent s'attaque donc au chantier car il risque de se trouver, selon sa vision, dans l'incapacité de faire face à ces dépenses consacrées aux subventions à l'avenir. Mais tout cela fait planer des appréhensions sur l'efficacité du système de ciblage et sur la capacité de l'Exécutif à préserver le pouvoir d'achat de la majorité des citoyens, notamment ceux faisant partie des couches moyennes une fois les subventions supprimées et les prix du pain, du lait, du sucre, de l'huile, de l'électricité, de l'eau et des carburants augmentés. Difficultés à freiner l'extension de l'informel Interrogé sur une éventuelle augmentation des prix du pain telle que réclamée par les boulangers, il a écarté cette mesure à court terme. Il a laissé entendre que cette hausse n'est pas à l'ordre du jour. "Le pain est un dossier sensible. L'Etat ne veut pas toucher au prix du pain mais admet qu'aujourd'hui nous partageons la même analyse que les boulangers pour dire que la marge bénéficiaire est érodée et qu'il faut trouver une solution. Dans ce sens, il assure que son département ministériel a élaboré des solutions qui sont en cours d'examen. Nous avons des solutions sur lesquelles nous avons travaillé dont celle consistant à préserver la marge bénéficiaire du boulanger." Parmi les solutions envisagées, le ministre cite l'utilisation d'une farine appelée farine complète qui permettra aux boulangers d'améliorer leur marge de bénéfice en produisant 20% de plus par quintal en comparaison avec le quintal de farine utilisé actuellement. Dans ce sens, il a fait savoir que son ministère a préparé un dossier sur cette question qui a été transmis au Premier ministre ajoutant que si cette solution technique est avalisée, il sera alors procédé à la révision du décret réglementant le taux de trituration. Par ailleurs, observe-t-il, certains disent que la profession de boulanger est en déperdition, mais la consultation du fichier du registre du commerce montre que le nombre de boulangers augmente d'année en année. Il précise, toutefois, que la différence réside en ceci : en milieu urbain, le boulanger peut équilibrer ses comptes en vendant aussi de la pâtisserie dont la marge bénéficiaire est élevée, en revanche, en milieu rural, cette activité se limite quasiment à vendre du pain. Au chapitre informel, le ministre du Commerce a affirmé que la ténacité de ce phénomène n'est pas due au manque de marchés légaux dont un grand nombre a été créé pour réinsérer les personnes qui activent dans l'informel. "Mais ces intervenants préfèrent la clandestinité pour écouler les marchandises sans facture et sans avoir à payer d'impôts." Un aveu de l'incapacité du gouvernement à éradiquer ce phénomène. K. Remouche