La gestion par l'argent de la crise de migrants et de réfugiés par l'Europe a pourtant montré ses limites, tout comme le dispositif répressif mis en place par l'UE. L'Italie va débloquer 80 millions d'euros supplémentaires pour renforcer le fonds de soutien à l'Afrique, a annoncé hier son chef de la diplomate Angelino Alfano, à l'ouverture du "Deuxième sommet sur les pays de transit des migrants" à Rome, a rapporté l'agence de presse italienne AKI. "Ce financement s'étalera sur la période 2018-2019", a précisé le ministère italien des Affaires étrangères et sera surtout destiné, selon AKI, aux pays directement touchés par la crise migratoire, que ce soit en tant que pays pourvoyeur de migrants ou de transit de ces milliers de jeunes Africains qui risquent leur vie chaque jour dans le vaste désert sahélien et le mer Méditerranée. Cette deuxième rencontre du genre intervient dans un contexte marqué par une inquiétante reprise du flux migratoire vers l'Europe, via surtout les côtes libyennes et marocaines, malgré les mauvaises conditions climatiques et une surveillance accrue en Méditerranée. Convoquée à l'initiative de l'Italie, cette "conférence ministérielle a pour thème : une responsabilité partagée pour parvenir à une solidarité commune et objective de la sécurité", a indiqué un communiqué du ministère italien des Affaires étrangères, publié vendredi dernier. "L'Algérie, le Tchad, l'Egypte, l'Ethiopie, la France, l'Allemagne, la Libye, Malte, le Niger, les Pays-Bas, l'Espagne, le Soudan et la Tunisie, des pays africains et européens invités à participer à la réunion" de Rome, a ajouté le communiqué. Mais si certains pays concernés par cette crise disposent plus ou moins de suffisamment de moyens pour y faire face, une partie des pays participants à cette rencontre n'ont ni les moyens ni le courage politique pour mettre fin à la souffrance des migrants et des réfugiés. Car la responsabilité dans la gestion de la crise migratoire est d'abord d'ordre politique que financier. Son règlement devrait se faire en amont. Sur ce plan, les pays européens ont pourtant la force de mettre la pression sur certains pays africains pour renforcer l'Etat de droit et lutter contre la corruption, comme premier pas pour s'assurer une meilleure marche vers le développement économique et social. Car le flux migratoire vers l'Europe ne peut en aucun cas être inscrit dans le cadre d'une immigration de travail, mais les candidats à l'immigration clandestine sont souvent issus de pays en guerre ou sous le joug d'une dictature bénéficiant du soutien de certains Etats membres de l'Union européenne. Et l'idée de mettre en place des centres de rétention dans des pays de transit, comme la Libye, a échoué, comme l'a souligné un récent rapport de l'ONU sur ce sujet. Les enquêteurs de l'ONU ont constaté des cas d'abus et de torture sur les migrants, sans compter les cas d'esclavage en Libye, dont la médiatisation de ce drame en novembre 2017 a choqué le monde entier. Lyès Menacer