La "douéra" 17, au bout du long corridor de Qasr Erriyas, a un nouveau locataire en la personne de l'artiste peintre Abdenour Sadaoui, qui s'est installé dans les "biout" (pièces) de l'ouast-eddar, qu'il a ensoleillé d'aquarelles à la griffe de l'art non figuratif comme s'il s'agit d'une mosaïque murale. Et ayant à l'esprit que la peinture à l'huile est l'idéale alchimie pour bâtir d'harmonieux reliefs autour de l'art abstrait, l'artiste peintre ajoute à son talent le chic de l'orientation murale de l'œuvre qui séduit, neuf fois sur dix, l'œil du curieux de l'art. À telle enseigne que la toile éclaire l'enseigne de l'habilité du trait de l'artiste, sinon que l'image plaide pour l'instant de l'inspiration et de créativité, voire d'un coup de maître ! S'il en est une preuve, celle-ci se harponne à l'hameçon de la canne à pêche, où le pêcheur hisse le "poisson d'avril" des marais fétides du "Layadjouze", où l'hirsute secte des "tristus" a englué ce gag de la joie de vivre. Alors, qui mieux que l'art abstrait pour s'inviter à la maïda du dialogue et de l'échange entre le voisinage de l'ouast-eddar ? C'est qu'il a plus d'une houppe à son pinceau, puisqu'en plus de l'abstrait pictural, l'artiste peintre Abdenour Sadaoui innove également dans l'art numérique à l'aide de l'Adobe Photoshop et de l'Illustrator... qu'il est certes difficile de déceler à l'œil nu et de croire à l'apport du génie de la... machine. Autant avouer qu'il s'est aperçu du talent qu'il a dans ses doigts, du temps où, tel ce papillon, il s'en allait butiner de fleur en fleur pour démêler les ficelles des métiers de l'art. Mais pour y parvenir au pied du chevalet, l'artiste a dû prendre ses distances avec l'Institut national des industries légères (Enil) à Boumerdès, où il enseignait le génie... mécanique. "L'art de Abdenour Sadaoui reflète ce qu'il y a de mieux en matière d'authenticité du terroir", a déclaré Boualem Belachehab, le directeur du Centre des arts et de la culture du palais des Raïs. Toutefois, l'artiste s'exprime aussi à l'aide du traçage et du défonçage, où il sculpte de si belles sculptures avec lesquelles il enjolive les "q'bou" des "biout" de la cour centrale. Donc, autant y aller pour découvrir d'agréables figurines qu'il a taillées dans les jeux de notre enfance, à l'instar du jeu de "Si hssen duz duz" si apprécié dans la région de Bouira ou s'extasier devant la figurine qui relate l'intimité d'un "Taqerruyt yer tqerruyt" (tête à tête). Se voulant entreprenant, l'artiste sculpteur crie "Aqli da" (je suis là) et exhorte autrui à secouer le cocotier avec le slogan "Ih n Nezmer" ou le fameux (Yes we can) qu'il a emprunté à l'élection présidentielle américaine de 2008. Seulement, le meilleur est à venir avec le "Buccu" que les parents servaient à tout bout de champ aux vilains garnements pour les assagir. "Si tu n'es pas sage, le Buccu viendra la nuit pour te tirer de ta literie et t'emmener au royaume de Tseriel où l'ogresse des contes de notre enfance te dévorera", a-t-on su de notre interlocuteur. En fait, le "Buccu" est né du génie populaire pour dire toute la cruauté du général Bertrand Clauzel (1772-1842) et de la barbarie de Thomas Robert Bugeaud (1784-1849) lors de la conquête d'El-Djazaïr, a-t-on su de notre interlocuteur. À l'opposé de "Nefxa" ou la gonflette de l'orgueil de l'homme, notre autodidacte préfère plutôt la sagesse d'"Amghar Azemni" de son village, où il convie le visiteur à une "Amerah" (balade) à l'intérieur du musée qu'il a achalandé au Bastion 23. Louhal Nourreddine