Dans le but de réduire, voire écarter toute candidature contre le raïs, une commission parlementaire a adopté des conditions d'éligibilité impossibles à remplir par tout autre postulant que le président. Tout indique que la situation de contestation politique prévalant actuellement en Egypte inquiète sérieusement le camp de Hosni Moubarak. L'agitation que connaissent certains cercles de l'opposition, notamment le mouvement Kifaya et les Frères musulmans, a poussé les proches du raïs à actionner leurs relais pour éviter toute surprise désagréable en septembre, à l'occasion du scrutin présidentiel. Dans cette optique, la commission parlementaire de l'Assemblée du peuple en Egypte a présenté une proposition de modification des conditions d'éligibilité des candidats à la magistrature suprême. À lire les amendements proposés, nécessitant les signatures de 300 élus nationaux et locaux, Hosni Moubarak ne risque pas d'avoir de concurrents pour le prochain mandat présidentiel. La première condition exigeant 65 signatures des députés siégeant au Parlement à tout candidat indépendant oblige tout postulant à se soumettre aux conditions du parti du chef de l'Etat, car aucune autre association politique ne dispose d'autant de sièges. Pour information, le Parti national démocrate au pouvoir détient la majorité absolue des 444 sièges de l'Assemblée ne laissant que des miettes aux autres partis y siégeant, lesquels, tous réunis, n'atteignent pas le chiffre de 65 sièges. Outre cette condition décourageante, il est exigé les signatures de 25 des 176 membres élus du conseil de la Choura, l'organe consultatif de la Chambre haute du Parlement, de 10 conseillers locaux dans 14 des 26 provinces d'Egypte. À cela s'ajoute également le soutien de 70 élus du Parlement ou de conseillers locaux. Ces conditions draconiennes seront, sans aucun doute, adoptées mardi prochain par l'Assemblée après l'étape de la commission parlementaire, au vu de la majorité absolue dont dispose le PND à tous les niveaux. Elles ouvriront grandes les portes d'un 5e mandat de 6 ans devant Hosni Moubarak, qui conditionne sa candidature par un large soutien populaire. Il faut dire que l'armada de propagande du cercle présidentiel ne laisse rien au hasard pour écarter tout risque. Cela a commencé avec la réduction à néant de l'opposant Aymen Nour, qui fait l'objet d'une grande aversion populaire car présenté comme un homme à la solde des Américains. L'on se rappelle qu'il n'a été libéré de prison qu'après une grande pression de la secrétaire d'Etat US, Condoleezza Rice, sur le régime du Caire. Les autres postulants indépendants, Naouel Al Saâdaoui et Saâdeddine Ibrahim, n'ont aucune chance de voir leurs projets de candidature aboutir. Les auteurs de cette proposition de loi ont pour objectif d'empêcher les Frères musulmans, qui ne sont représentés à l'Assemblée que par 15 députés, de présenter un candidat à l'élection présidentielle. K. A.