La polémique qui a suivi les déclarations du vice-président de la compagnie nationale renvoie aux enjeux de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Le P-DG de Sonatrach, Adelmoumen Ould Kaddour, a de nouveau démenti, jeudi dernier, les informations attribuées au vice-président de la compagnie, Salah Mekmouche, selon lesquelles la compagnie nationale était en discussions avec des partenaires étrangers afin de céder ses parts dans des gisements ou des projets de prospection ou d'exploration et attribuer le contrôle de certaines filiales à des sociétés étrangères. Ce qui avait suscité une vive polémique, Sonatrach ayant été accusée de vouloir brader le sous-sol algérien. "Le groupe Sonatrach appartient à 100% à Sonatrach et appartiendra toujours à 100% à l'Etat, et il n'y a pas de négoce dans cela", a tenu à rectifier le premier responsable du groupe, cité par l'APS. Suite à l'entretien accordé, lundi dernier, par le vice-président de Sonatrach à la radio Chaîne III, Sonatrach avait démenti cette information relayée par certains titres de la presse locale. Le patron de la compagnie nationale a ajouté que c'est une stratégie économique : "Nous essayons de ramener les partenaires pour partager le risque avec eux. C'est du business. Mais de là à céder des champs ou autres, nous n'en avons jamais parlé." Il a soutenu que les propos du vice-président ont été déformés. Pour le P-DG de Sonatrach, "faire participer un partenaire dans la prospection et le développement d'un champ comporte l'avantage de l'accès à la technologie et à des fonds". Le P-DG de Sonatrach minimise ainsi un flop dans la communication de Sonatrach déjà très opaque à l'ère d'Ould Kaddour. Les réponses du vice-président de Sonatrach étaient tellement imprécises et tellement ambiguës que les observateurs ont pensé à une remise en cause du principe intangible du 51/49 qui guide la politique pétrolière de l'Algérie depuis des décennies. Les réponses du P-DG de Sonatrach sont également imprécises. Il oublie de souligner que cet impair renvoie à la confection en cours de la nouvelle loi sur les hydrocarbures destinée à accroître l'attractivité du domaine minier national et ses enjeux sur la souverainté du pays sur les richesses nationales. Ce chantier piloté, selon une source proche du secteur, par le ministère de l'Energie recourt à l'expertise de Sonatrach en vue de son élaboration. Un travail qui demandera un an. Selon les prévisions du ministère de l'Energie, le texte sera finalisé vers la fin de l'année. Contrairement à l'option de départ qui consistait à réviser la tarification seulement, en un mot les impôts pétroliers que paient les compagnies en vue de la rendre attractive, les changements envisagés vont porter sur des aspects plus nombreux et plus larges, confie la même source. La difficulté de cet exercice est de concilier les intérêts du pays avec la nécessité d'accorder des avantages aux compagnies étrangères en vue de les attirer. La loi 86-14 promulguée en 1986 a réussi ce pari. Elle est en partie à l'origine de l'accroissement des revenus pétroliers du pays dans les années 2000. En outre, elle a accordé des avantages aux compagnies étrangères, notamment en matière de fiscalité. Au point que certaines compagnies étrangères la regrettent. Car, contrairement à l'actuelle loi (la loi de 2005 amendée en 2006 et 2013), elle est plus lisible. Elle donne une visibilité aux partenaires étrangers. Cette loi de 1986 amendée en 1991, il fallait juste l'actualiser, soulignent différents experts. K. Remouche