Le président Emmanuel Macron prépare une réorganisation "complète" du culte musulman en France, a rapporté hier le Journal du Dimanche (JDD), précisant qu'il veut "aller vite". À en croire l'hebdomadaire, un plan d'ensemble est à l'étude à la présidence avec la coopération "active" du ministère de l'Intérieur, qui est également chargé du culte et prévoit la création de nouvelles instances représentatives des musulmans, l'élaboration d'un cadre pour le financement des lieux de culte et la collecte des dons, et un programme de formation des imams. Selon des indiscrétions de personnes qui "abordent régulièrement la question" avec le président français, il souhaite "réduire l'influence des pays arabes, qui empêche l'islam français d'entrer dans la modernité", en voulant "inscrire le culte musulman dans une relation apaisée avec l'Etat et les autres religions et l'associer pleinement à la lutte contre le fondamentalisme". Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a été chargé dans ce cadre de préparer la réforme du Conseil français du culte musulman (CFCM), institution créée en 2003 sous l'égide de l'ancien président Nicolas Sarkozy, qu'un rapport du Sénat avait qualifié de "coquille vide" et pas du tout représentatif. Selon une enquête de l'Ifop pour l'Institut Montaigne publiée en 2016 par le JDD, à peine un tiers des musulmans connaissent son existence, rappelle le journal, citant des experts qui ont estimé que son mode de désignation de ses membres est un "facteur d'immobilisme". Les membres du CFCM sont élus, rappelle-t-on, dans les mosquées selon une répartition des sièges proportionnelle à la surface des bâtiments et dans un scrutin où l'influence des pays étrangers (Algérie, Maroc, Turquie, Arabie saoudite, Qatar) est déterminante. À cet effet, un groupe de travail a été créé, selon le JDD, en son sein le mois dernier qui devra livrer des propositions de réforme au gouvernement en juin prochain. Mais les personnes proches du ministre de l'Intérieur, en charge du dossier et qui affiche l'intention de "sortir de l'islam consulaire pour ouvrir le CFCM aux musulmans les plus intégrés", reconnaissent la difficulté de structurer ce culte qui "n'est aucunement hiérarchisé". R. N./APS