Une semaine après le remaniement opéré dans le cabinet de Ahmed Ouyahia, le chef de l'Etat a réuni, hier, le Conseil des ministres pour tracer le cadre de travail de l'Exécutif. Dans son intervention, le président de la République a donné une série d'instructions et d'orientations aux membres du gouvernement sur la conduite des réformes et la mise en œuvre du programme quinquennal 2005-2009, dévoilé lors de la conférence des cadres de la nation le 7 avril dernier. Il a, à cette occasion, précisé les règles de fonctionnement, les impératifs de la conjoncture, mais aussi les défis auxquels doit faire face l'équipe. Le chef de l'Etat a d'abord instruit le gouvernement de “mener son action dans un esprit de solidarité, de cohésion et de responsabilité”. Ce message sonne comme un rappel à l'ordre clair destiné à mettre fin aux “tensions”, “sautes d'humeur” et autres “fâcheries” qui ont accompagné le fonctionnement de l'Exécutif ces derniers mois. Les relations se sont dégradées entre les membres d'un même cabinet censés travailler, collaborer et coordonner ensemble le travail de mise en œuvre des chantiers et autres projets engagés par le gouvernement. Cette situation de tensions et de mésentente a influé sur le rythme et la cadence de l'état d'avancement des travaux. La presse a rendu compte, ces derniers mois, des “conflits”, “tirs croisés” et autres contradictions entre les membres d'une même équipe. Et parfois les ministres se seraient même livrés à des polémiques sur la place publique, eux qui sont censés parler d'une seule voix. C'est ce qui motive peut-être la réhabilitation de la fonction de porte-parole du gouvernement pour mettre fin au “vaudeville ministériel” que crée la multitude de déclarations des ministres sur divers sujets traités lors des différentes réunions de l'Exécutif. La nomination prochaine d'une personnalité à ce poste, qu'explique d'ailleurs la vacance dans le département de la Communication, devrait mettre fin à ce cafouillage dans la communication institutionnelle. Des ministres ont été sacrifiés lors du dernier remaniement pour permettre le rétablissement de la discipline et la cohésion dans l'équipe. Et, partant, renforcer l'autorité du Chef du gouvernement et éviter tout débordement susceptible de ralentir, voire même freiner l'élan et la cadence de travail dans l'exécution du programme du gouvernement. Les membres de l'Exécutif sont donc invités à privilégier l'esprit de solidarité et éviter les “jeux perso” d'autant que le chef de l'Etat a précisé, hier, que la responsabilité est collective et non personnelle. Ce sera sur la base des réalisations et du bilan global que sera jaugé, évalué et jugé le gouvernement Ouyahia II. Les ministres sont soumis à l'obligation de résultats pour se qualifier au prochain tour. Dans son allocution, hier, le président Bouteflika a livré un message sur la conduite des réformes : “Il m'importe d'insister, dès lors que les objectifs sont clairement indiqués, que les ressources ont été dégagées et que les cadres juridiques et organiques existent, sur l'obligation de résultats qui pèsent, désormais, sur chacun des membres du gouvernement dans le cadre de sa responsabilité sectorielle et sur le gouvernement dans sa collégialité, qui ne doit en aucun cas faillir aux engagements pris vis-à-vis des citoyens.” Il a d'ailleurs exigé des membres de l'Exécutif d'engager sans tarder les projets inscrits dans le cadre du programme quinquennal 2005-2009. C'est un avertissement sérieux contre tout retard ou ralentissement dans la réalisation des chantiers prévus dans le “plan présidentiel”. Cette déclaration renseigne sur l'intention du chef de l'Etat de procéder au contrôle rigoureux et régulier de l'action de l'Exécutif qui ne dispose pas de délai de grâce, ni de prétexte. Il doit réaliser les objectifs qui lui sont assignés dans la lettre de mission que représente l'allocution, d'hier, du président de la République. M. A. O.