Le Président a insisté, devant les ministres du cabinet Ouyahia, sur la notion de “poursuite des réformes”. Le chef de l'Etat a présidé, hier après-midi, à El-Mouradia, le premier Conseil des ministres du gouvernement version Ouyahia. Au cours de cette réunion, il s'est exprimé sur plusieurs centres d'intérêt et a tenté de répondre aux questions soulevées par les observateurs. Il a saisi cette occasion pour donner un certain nombre d'orientations et d'instructions à l'Exécutif à l'effet d'accélérer la poursuite des réformes entamées sous la direction du Chef du gouvernement sortant. M. Bouteflika a insisté sur les notions de “solidarité, cohérence, dynamique, dialogue, concertation et poursuite des réformes” ; il a commencé par expliquer les raisons de la reconduction de l'équipe gouvernementale précédente en affirmant qu'elle reflète le souci de “garantir la continuité dans la gestion des affaires du pays et d'éviter une perte de temps dommageable aux efforts nationaux de développement”. Dans le même ordre d'idées, il a invité le gouvernement à “reconduire le programme de travail élaboré l'année dernière et à s'investir avec toute la célérité possible dans le parachèvement des chantiers en cours et la maturation des projets non encore lancés”. Ce qui signifie que M. Bouteflika voulait juste se séparer de son ancien ami, devenu électoralement encombrant pour la suite du parcours. La même équipe avec le même programme, mais sans Benflis. Toujours au chapitre du fonctionnement de l'Exécutif, le chef de l'Etat a invité le gouvernement à “accomplir sa mission dans la cohérence et la solidarité gouvernementales et à prendre aussi ses responsabilités dans le traitement des dossiers relevant de ses attributions, le Conseil des ministres demeurant le cadre de la décision finale pour les dossiers relevant de cette instance”. Par ces propos, Abdelaziz Bouteflika a remis les pendules à l'heure en fermant définitivement la porte aux notions de “ministres du président”, chevauchement des prérogatives, inertie et retard dans le traitement des dossiers avant la tenue des Conseils des ministres. Tous les membres du gouvernement sont tenus de travailler dans la solidarité et la complémentarité. Le chef de l'Etat a particulièrement insisté sur trois dossiers : la réforme de l'école, l'achèvement des chantiers des infrastructures de base dont le logement et le dialogue social. Le président a relevé la nécessité de maintenir le rythme de la mise en œuvre de la réforme du système éducatif. Concernant la deuxième priorité, M. Bouteflika a demandé à son Chef du gouvernement de “prendre les mesures nécessaires d'urgence, y compris par le biais de l'importation transitoire, pour régler les problèmes d'approvisionnement du marché en matériaux de construction, car il y va du programme de construction de logements(…)”. S'agissant de l'épineux dossier des privatisations, le Président a reconnu que ce processus soulève des inquiétudes tout en estimant que “la privatisation n'est pas conçue comme un processus de bradage, ni des entreprises publiques, encore moins des emplois”. C'est cette vision qui doit être expliquée par le gouvernement aux travailleurs, estime M. Bouteflika qui demande au gouvernement de prendre en main rapidement ce dossier et d'accélérer son traitement. Le chef de l'Etat estime, cependant, que l'Exécutif “doit accorder toute l'importance voulue à la concertation et au dialogue avec les représentants des travailleurs ainsi qu'avec les représentants des opérateurs économiques”. Et d'ajouter qu'une telle approche, la concertation sociale, “permettra de préserver le climat social et de promouvoir les consensus possibles pour la progression du processus de développement national”. Le chef de l'Etat a, enfin, demandé à son gouvernement d'entamer les préparatifs du projet de loi de finances pour l'année 2004. Les propos du président de la République indiquent assez qu'il entend mettre les bouchées doubles pour préserver toutes ses chances dans la perspective de la présidentielle 2004. M. A. O.