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Réflexions sur la formation médicale des résidents en sciences de la santé
Contribution
Publié dans Liberté le 16 - 02 - 2018

Le diplôme d'études médicales spécialisé en sciences de la santé (DEMS) est la finalité de la formation en résidence de médecine dite aussi formation médicale postdoctorale dont les apprentissages en milieu hospitalo-universitaire ont pour mission l'acquisition des connaissances, mais surtout le développement des compétences pour répondre aux besoins de la société en termes des soins de santé de haut niveau. C'est au cours de leur cursus d'apprentissage que les médecins résidents acquièrent une autonomie qui leur permet d'assurer des soins de première et de deuxième ligne partout en Algérie. En d'autres termes, l'obtention du DEMS autorise le médecin résident comme futur praticien à exercer la médecine sans supervision, entamant ainsi, une carrière professionnelle ponctuée par des perfectionnements ou des développements professionnels continus (DPC).

Hélas, il y' a matière à réflexion profonde sur la formation médicale des apprenants en sciences de la santé en général et des médecins résidents en particulier concernant la qualité des pratiques pédagogiques et plus précisément des enseignements, des apprentissages et de l'évaluation docimologique de ces derniers. L'enseignement en contexte des sciences de la santé est à la base de l'amélioration des formations médicales centrées sur les apprenants et les apprentissages d'autant qu'il existe une relation significative entre la qualité de l'enseignement dispensé et l'apprentissage en profondeur réalisé, et par voie de conséquence sur la qualité des prestations des soins de santé.

Cette conception nous renvoie directement aux responsabilités pédagogiques des enseignants hospitalo-universitaires tous « grades confondus », comme acteurs principaux et promoteurs de la qualité des enseignements et des apprentissages en sciences de la santé. En dépit du fait que leurs responsabilités éthique et déontologique soient engagées à assurer des pratiques pédagogiques selon les normes modernes des sciences de l'éducation, hélas l'absence de formation en pédagogie médicale, l'environnement facultaire et la charge des activités de soins en milieu hospitalier ne leur sont pas favorables. De plus, l'absence de reconnaissance institutionnelle de l'investissement en enseignement est une barrière majeure à l'implication et à l'engagement des enseignants hospitalo-universitaire.
Les problématiques de la formation médicale des médecins résidents sont multidimensionnelles, curriculaires, socio-économiques et surtout pédagogiques, mais restons centrés sur cette dernière. En effet, pour l'amélioration de la formation médicale, deux éléments sont souvent négligés : la qualité des enseignements et des apprentissages en milieu de santé. Or, c'est par ces derniers que les professionnels de la santé transmettent et construisent des savoirs à des fins de développement des compétences et de l'autonomie des médecins résidents.

Le résident de médecine n'est pas au cœur de la préoccupation pédagogique de sa faculté de médecine, car cette dernière n'est pas soumise à l'obligation sociale de répondre à ses besoins d'apprentissage et d'enseignement. Et pourtant, toute faculté de médecine est redevable socialement de la nécessité de répondre aux besoins pédagogiques des médecins résidents en collaboration avec les milieux hospitalo-universitaires. En d'autres termes, la faculté de médecine est une institution dédiée prioritairement à l'apprentissage et à l'enseignement dont la finalité est de fournir à la population des soins de santé de qualité.

Mais, on attend souvent des médecins résidents qu'ils procurent une grande priorité à leur apprentissage afin d'offrir des soins de santé de qualité. Pour ce faire, la quintessence médicale et pédagogique des enseignants hospitalo-universitaires est plus que primordiale, car l'expertise pédagogique est un bon indicateur de la qualité des apprentissages des médecins résidents, mais également des prestations des soins de santé. Hélas, les enseignements sont relégués à d'autres acteurs de la santé dont le but légitime est l'obtention d'attestation d'enseignement en vue du concours de maîtrise. Ces attestations ne renseignent en rien sur l'acquisition d'habiletés à enseigner ni sur la qualité pédagogique des enseignements ni celle des apprentissages. De plus, l'attestation de prestation d'enseignement est sans valeur ni académique ni pédagogique. Il serait d'une portée éthique d'exiger de tout médecin, qui désire enseigner, une certification en pédagogie pour s'assurer de l'acquisition des habiletés d'enseignement.

Par ailleurs, la nature obsolète du curriculum de formation médicale est à l'origine de la médiocrité des pratiques pédagogiques en milieu hospitalier dont se plaignent les résidents. En effet, ces derniers ne sont informés ni des méthodes d'enseignement ni des activités pédagogiques pour favoriser des apprentissages en profondeur et non plus de l'évaluation de ces derniers. Pour ce faire, une réforme profonde du curriculum de formation et notamment des pratiques pédagogiques est nécessaire, car la qualité de l'expertise pédagogique des formateurs hospitalo-universitaires est primordiale pour espérer une mutation en faveur de l'amélioration des apprentissages et des enseignements en milieu de santé.
Pour l'amélioration de la formation médicale, les enseignements et les apprentissages en milieu des soins de santé doivent être assurés par des médecins hospitalo-universitaires dotés d'une double expertise tant disciplinaire que pédagogique. Or, les deux activités pédagogiques suscitées ne sont pas valorisées au sein de la culture facultaire. De plus, Il est vrai que les enseignants hospitalo-universitaires sont parmi les professionnels de la santé qui n'ont pas bénéficié d'apprentissage aux pratiques pédagogiques durant leur cursus de formation. L'apprentissage à ces pratiques pédagogiques doit répondre principalement à des objectifs de perfectionnement professionnel et de développement des habiletés d'enseignement.
Il est reconnu qu'enseigner en sciences de la santé n'est pas aussi simple qu'on le prétend, car l'enseignement de la médecine est une activité beaucoup plus complexe d'autant que la formation en pédagogie fait grandement défaut, car la formation médicale ne doit plus être une activité de transmission des connaissances par le biais d'exposés magistraux unidirectionnels. L'acte d'enseigner en sciences de la santé est souvent peu planifié, voire improvisé, basé sur la diffusion quantitative des connaissances, et fait souvent appel au bon sens et à l'intuition pour enseigner. Mais, la plupart des hospitalo-universitaires sont motivés à procurer des pratiques enseignantes et des apprentissages de qualité à leurs apprenants. Hélas, ils n'exploitent pas les bonnes méthodes et stratégies pédagogiques pour y parvenir.
Il est possible de traiter en amont les problématiques des enseignements lors du recrutement des hospitalo-universitaires en exigeant au préalable une certification en pédagogie médicale, car cette dernière servira comme outil de sélection, de promotion et de titularisation. Cette solution est rédemptrice et éminemment pédagogique, et aura pour effet la valorisation de l'acte d'enseigner au sein de l'environnement facultaire, et permet de sensibiliser et de conscientiser les hospitalo-universitaires à la nécessité de s'interroger sur leur pratique pédagogique et leur enseignement en contexte des sciences de la santé. On ne le répètera jamais assez que se former en pédagogie médicale pour enseigner représenterait une dimension éthique et déontologique, car l'enseignant hospitalo-universitaire est amené à animer des études de cas, à superviser les résidents, encadrer des apprenants et des projets d'équipe. Ces activités et pratiques pédagogiques ont un impact fondamental sur la qualité des apprentissages des médecins résidents, et donc sur les soins de santé.

Par ailleurs, pour la faculté de médecine d'aujourd'hui, encourager les futurs formateurs et les hospitalo-universitaires à se former en pédagogie médicale constitue un signal fort de valorisation de l'enseignement médicale. En d'autres termes, recommander la formation à la pédagogie médicale constitue un geste concret de la part du ministère de l'enseignement supérieur (MESRS) et de son engagement certain en faveur de l'amélioration des enseignements en sciences de la santé. Cela constitue également un geste tangible que l'acte d'enseigner en sciences de la santé occupe une place importante parmi les autres missions de la faculté de médecine.

Cela signifie également encourager le développement des compétences et des habiletés d'enseignement en mettant à la disposition des formateurs en sciences de la santé les moyens de se former et de se perfectionner en pédagogie médicale, ainsi qu'un programme d'accompagnement pédagogique. En d'autres termes, l'intégration de cette formation ou de la certification en pédagogie médicale au processus de recrutement et de sélection des futurs candidats hospitalo-universitaires paraît essentielle pour s'assurer de l'acquisition des habiletés d'enseignement, mais aussi de l'appropriation des concepts et principes de bases en pédagogie universitaire appliqués en sciences de la santé.
Dr Lardjane Dahmane
[email protected]
(°)Conseiller et concepteur en pédagogie médicale


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