Trois kamikazes suspectés d'appartenir à Boko Haram se sont fait exploser sur un marché aux poissons du nord-est du Nigeria, tuant 19 personnes, et démontrant une nouvelle fois la capacité de nuisance du groupe terroriste qui a fait allégeance à l'autoproclamé Etat islamique (Daech) en 2015. Les explosions se sont produites, vendredi soir, vers 20h30 (19h30 GMT) à Konduga, à environ 35 km au sud-est de la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri. Selon deux responsables de la milice engagée aux côtés de l'armée contre le groupe armé nigérian, Babakura Kolo et Musa Ari, les kamikazes étaient des hommes. "Nous avons 19 morts et quelque 70 blessés (...) deux des kamikazes ont attaqué le marché aux poissons Tashan Kifi, puis 4 minutes plus tard, un troisième a frappé à proximité", a déclaré M. Kolo. "Les victimes comprenaient 18 civils et un soldat. Le Tashan Kifi est un marché informel qui sert de restaurant, de marché et de lieu de détente pour les habitants", a-t-il ajouté. Selon Musa Ari, 22 des 70 blessés sont dans un état critique. "Il n'y a aucun doute quant à savoir qui est derrière ça: Boko Haram a ciblé Konduga à plusieurs reprises", a-t-il ajouté. L'armée et la police de l'Etat de Borno, un des fiefs de Boko Haram, n'avaient pas réagi hier. Le conflit a fait plus de 20 000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés depuis 2009. Le 31 janvier, deux femmes kamikazes s'étaient fait exploser dans le village de Mandarari, près de Konduga. Les explosions avaient eu lieu peu après une autre attaque suicide ayant fait 4 morts et 44 blessés dans un camp déplacés de Dalori, à une vingtaine de kilomètres sur la même route de Maiduguri. Un 4e kamikaze s'était également fait exploser à l'extérieur du camp. L'armée et le gouvernement nigérians ont affirmé à plusieurs reprises que les terroristes, affaiblis par les opérations militaires lancées par les armées de la région du lac Tchad (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun), étaient sur le point d'être vaincus. Mais ils continuent de mener des attentats-suicides et des attaques dans des villages reculés de brousse ou en périphérie des villes importantes. Le triple attentat-suicide de vendredi soir intervient alors que les procès de centaines de membres présumés de Boko Haram se tenaient cette semaine devant des tribunaux civils siégeant dans une base militaire. L'un des islamistes, jugé pour son implication dans l'enlèvement en 2014 de plus de 200 lycéennes de la ville de Chibok, toujours dans l'Etat de Borno, a été condamné à 15 années d'emprisonnement. R. I./Agences