Massacre n Cinquante villageois ont été tués samedi soir dans le nord-est du Nigeria dans une attaque attribuée aux militants de Boko Haram. Selon l'armée et des témoins locaux, les insurgés de Boko Haram ont attaqué Dalori, une localité proche de Maiduguri, avant de mettre le feu au village. D'après le porte-parole de l'armée nigériane, les islamistes de Boko Haram «sont arrivés dans le village dans deux voitures et des motos, ont ouvert le feu et brûlé des maisons». Trois femmes kamikazes ont tenté de se mêler aux villageois, ont été «interceptées puis ont explosé», a-t-il affirmé. Selon des habitants et un travailleur humanitaire, au moins 50 personnes sont mortes dans l'attaque. L'Agence de gestion des situations d'urgence (Nema) avançait quant à elle un bilan provisoire de «46 morts et 35 blessés». Quand les assaillants ont fait irruption à Dalori, «beaucoup de personnes se sont réfugiées dans la brousse, moi inclus,» a raconté Malam Masa Dalori, un chef local. «Quand nous sommes revenus le matin suivant, le village entier avait été rasé. Au moins 50 personnes ont été tuées et il y a beaucoup de blessés». Un témoignage corroboré par Mallam Hassan, un autre villageois. «J'ai perdu un oncle dans l'attaque. Grâce à Dieu j'ai pu m'échapper avec les enfants», a-t-il affirmé. Un travailleur humanitaire a confirmé sous couvert d'anonymat que l'attaque avait fait plus de 50 morts, précisant que les corps avaient été transférés à l'hôpital. Dalori se trouve à proximité de camps de déplacés ayant dû fuir face à l'insurrection de Boko Haram, qui a rallié l'organisation de l'Etat islamique (EI). Maiduguri, qui compte environ 2,6 millions d'habitants, dont 1,6 million de réfugiés selon l'ONU, a été frappée par de nombreux attentats ces derniers mois. Boko Haram est apparu dans cette ville en 2002, avant de déclencher en 2009 une insurrection qui a fait plus de 17 000 morts au Nigeria et 2,6 millions de déplacés. Les insurgés islamistes ont essayé de reprendre Maiduguri à plusieurs reprises après en avoir été chassés il y a trois ans. La veille, soit le vendredi, plus de dix personnes ont été tuées dans un attentat suicide commis par un jeune garçon sur un marché très fréquenté de Gombi, dans l'Etat d'Adamawa, dans le nord-est du Nigeria, ont rapporté des témoins. «J'étais au marché quand j'ai entendu une énorme explosion», a expliqué Mustapha Jalo, un commerçant. «Nous sommes nombreux à nous être précipités sur place et nous avons découvert un carnage», a-t-il poursuivi, décrivant des morts et des blessés «éparpillés partout». Le président nigérian Muhammadu Buhari a assuré que «les insurgés avaient immensément souffert des bombardements répétés de l'armée visant leurs camps» et qu'ils «avaient recours à des mesures désespérées pour attirer l'attention des médias». «J'appelle tous les citoyens à s'engager dans la lutte contre le terrorisme car c'est la seule manière de finir le travail en cours pour rétablir la sécurité dans notre pays», a-t-il déclaré dans un communiqué. «Boko Haram n'a pas été vaincu» l Pour John Campbell, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Nigeria, chercheur au centre d'études Council on Foreign Relations à Washington : «Buhari a remplacé tous les responsables sécuritaires. Ceux qui étaient en poste sous l'administration précédente avaient été nommés sur des critères politiques, cela n'a pas été le cas pour les nouveaux qui sont d'un calibre supérieur. Buhari a aussi déplacé le quartier général de la lutte contre Boko Haram d'Abuja à Maiduguri, c'est-à-dire au plus près du théâtre des opérations. Il a aussi encouragé l'adoption d'une série d'initiatives pour regonfler le moral des troupes. Alors l'administration Buhari affirme que le pays a remporté la guerre contre Boko Haram, car elle assure avoir recouvré la quasi-totalité des territoires qui étaient contrôlés par Boko Haram, mais selon moi, là n'est pas le sujet, car Boko Haram continue d'être opérationnel sur de vastes territoires, et le groupe a fait montre d'une grande flexibilité et d'une grande capacité à adopter de nouvelles techniques, je pense notamment au recours de plus en plus fréquent aux femmes kamikazes. On se retrouve donc avec un nombre de pertes humaines qui est très élevé. Par conséquent, je dis que Boko Haram n'a pas été vaincu ». L'Algérie condamne l «Les attaques terroristes de Boko Haram sont devenues quasi-quotidiennes et ciblent essentiellement des enfants, des civils et des villageois sans défense», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif dans une déclaration à l'APS, suite à la multiplication des attaques terroristes de Boko Haram au Nigeria et dans les pays de la sous-région. C'est le cas des attentats sanglants qui ont frappé respectivement (samedi) plusieurs villages près de Maiduguri au Nigeria (dimanche) la localité de Guié et le village de Miterine au Tchad. «Nous condamnons fermement ces attentats et estimons que la recrudescence de ces actes criminels doit être contrée par une action ferme et coordonnée de l'ensemble des pays de la sous-région dans le cadre, notamment de la Force multinationale mixte, mais également à travers la mobilisation de tous les moyens susceptibles de renforcer leur capacité à contrecarrer la menace terroriste», a ajouté le porte-parole du MAE. «La solidarité des pays africains, comme celle du reste de la communauté internationale est requise pour atteindre cet objectif», a encore noté M. Benali Cherif. «Nous, qui sommes toujours attentifs à tout ce qui a trait à la paix, à la sécurité et à la stabilité de notre continent africain, exprimons notre solidarité avec ces pays et assurons les familles des victimes et les gouvernements nigérian et tchadien de notre sympathie», a conclu M. Benali Cherif. Une activité économique au ralenti l L'activité économique est sérieusement perturbée au Tchad et dans l'extrême-nord du Cameroun du fait des fréquentes attaques de Boko Haram. Récemment, des membres présumés du groupe ont détourné trois camions de marchandises vers une destination inconnue. Ce nouvel épisode marque un changement de stratégie depuis que le groupe terroriste a commencé à cibler des mosquées au Cameroun. Le Tchad et l'extrême-nord du Cameroun s'approvisionnent en divers biens à partir de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno. C'est le cas des produits de base et les produits manufacturés, comme les téléphones portables, les outils agricoles et les pièces de rechange pour véhicules. Ces biens sont transportés de Gambarou et de Fotokol du côté camerounais à destination de Kousseri au Cameroun et N'Djamena au Tchad. Le député camerounais Abba Kabbir reconnaît que l'activité économique tourne au ralenti dans le nord du Cameroun et au Tchad parce que les insurgés contrôlent toujours les routes d'approvisionnement côté nigérian.