Au sein de la direction du parti, c'est la tenue ou non d'un congrès extraordinaire, donc le respect des statuts, qui constitue la pierre d'achoppement. La réunion du conseil national du Front des forces socialistes (FFS), tenue à huis clos, ce week-end, n'a pas pu trouver une solution à la grave crise que connaît le parti. Ainsi, au-delà des travaux houleux qui ont caractérisé cette session du conseil national, les membres de cette instance ont préféré reporter la décision d'aller ou pas vers un congrès extraordinaire pour une autre rencontre prévue le 9 mars prochain. "Le conseil national a chargé le bureau qui a présidé les travaux de cette rencontre de présenter le 9 mars une résolution finale qui tranchera la question de la tenue d'un congrès extraordinaire du parti", ont informé des membres du conseil national du FFS, repris par l'APS. Pour rappel, cette crise couvant au sein du vieux parti de l'opposition a éclaté au grand jour depuis la démission d'Ali Laskri de son poste de membre de l'instance présidentielle et de coordinateur, rendant caduc le présidium et obligeant ainsi ses pairs du parti à aller vers un congrès extraordinaire, comme le stipulent les statuts de ce parti relatifs à l'instance présidentielle. En effet, l'article 48 des statuts du FFS précise que "si le nombre des membres de l'instance présidentielle est réduit à moins de trois, un congrès extraordinaire est convoqué pour élire une nouvelle instance présidentielle". Sauf que, au sein de la direction du parti, c'est précisément la tenue du congrès extraordinaire, donc l'application et le respect des statuts, qui partage cette instance déjà affaiblie depuis l'exclusion de Rachid Hallet et le départ de Saïda Ichalamène, puis, tout récemment, la démission d'Ali Laskri. Les statuts du parti prévoient que "le congrès se réunit en session ordinaire tous les quatre ans sur convocation de l'instance présidentielle" ou "en session extraordinaire à la demande de l'instance présidentielle ou des deux tiers des membres du conseil national". Il n'en demeure pas moins qu'à l'intérieur de la direction, "certains veulent, coûte que coûte, maintenir le statu quo en évitant le recours à un congrès extraordinaire", dénonce un membre du conseil national. Ce même membre estime qu'un congrès extraordinaire sera l'unique phase durant laquelle le parti réglera "sa profonde crise". Faisant référence à la dernière sortie de Rachid Hallet, notre interlocuteur est convaincu que "la crise au sein du parti est d'abord d'ordre politique et elle est aussi celle d'une direction qui songe plutôt à sa pérennité, et non à celle du parti et à sa ligne politique", rappelant qu'un congrès du parti devait être tenu au mois de mai de l'année écoulée, puisque le 5e congrès d'où est issue l'actuelle instance présidentielle a été tenu le même mois de l'année 2012. Il faut rappeler aussi que les modalités de convocation du congrès sont définies dans le règlement intérieur du parti. Ainsi, le congrès peut être reporté pour une durée qui ne dépasse pas deux années, sur proposition de l'instance présidentielle ou à la demande des deux tiers des membres du Conseil national, précise l'article 32 des statuts du parti, mais avec le départ d'Ali Laskri, tout oblige la direction à tenir ce congrès extraordinaire comme réclamé, par ailleurs, par plusieurs militants et membres du conseil national. L'on apprend, en outre, que pour éviter tout recours à un congrès extraordinaire, les tenants du statu quo au sein du FFS tentent de "persuader Laskri de geler sa démission". D'autres sources révèlent que "ces mêmes personnes comptent solliciter des amis du parti pour mettre la pression sur Ali Laskri pour qu'il revienne sur sa décision, ce qui évitera, à coup sûr, le recours à un congrès extraordinaire qui risquerait de compromettre les desseins de ceux qui veulent accaparer définitivement le parti". Interrogée justement sur "ceux qui veulent accaparer le parti", notre source a précisé que "la création d'un poste de président et d'un poste de secrétaire général sera le but de certains qui veulent prendre les rênes du FFS sans pour autant avoir les capacités requises, ni le soutien de la base ou encore un projet politique en adéquation avec les idéaux défendus par le parti depuis sa création". Mohamed Mouloudj