La solution ne peut résider dans des mesures administratives prises dans l'urgence et sans consultation. Après les filières céramique et plastique, les membres de la commission intersectorielle consultative chargée du suivi des mesures de sauvegarde de la production nationale se sont réunis jeudi dernier avec les producteurs de boissons et des producteurs d'arômes. Etaient également présents à la réunion les producteurs de produits laitiers et des confiseurs. Cette réunion initiée par la commission intersectorielle et présidée par le directeur général du commerce extérieur, Saïd Djellab, avait pour objectif de discuter du problème relatif à l'interdiction d'importation de certains intrants nécessaires pour la fabrication des produits locaux. Selon Ali Hamani, président de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), "cette réunion devait se tenir avant l'établissement de la liste". Cela aurait permis "de faire un état des lieux de la production d'intrants locaux et d'intégrer toutes les filières et même susciter des investissements dans ces domaines". À l'occasion de cette réunion, le président de l'Apab a fait part aux membres de la commission des inquiétudes des producteurs de boissons, notamment celle relative aux arômes. Avec l'interdiction de l'importation des arômes, des producteurs de boissons risquent de ne plus pouvoir mettre sur le marché certains parfums, d'autres pourraient également mettre la clé sous la porte, selon le président de l'Apab, qui rappelle que le problème touche également les biscuiteries ou encore les confiseries. Ali Hamani a souligné que "les producteurs de boissons ont pu couvrir 98% du marché national avec des produits de qualité". C'est un moyen de réduire la facture d'importation, a-t-il ajouté, déplorant qu'à travers cette interdiction qui est, selon lui, le fruit d'une décision purement administrative et sans consultation, on met à mal toute la filière boissons. L'Apab, selon son président, "partage l'inquiétude du gouvernement face au risque d'épuisement des ressources financières du pays. Et nous voulons accompagner les pouvoirs publics dans la réduction de la balance commerciale". Mais, interdire l'importation des matières premières essentielles, en l'absence de toute production locale équivalente, signifie l'arrêt partiel, voire total, des installations de production, a-t-il précisé. Concernant le point de discorde, à savoir les arômes, Ali Hamani a indiqué que les producteurs de boissons achètent de l'arôme local et importent en même temps. "Quand il y a un produit disponible localement, nous l'avons utilisé". L'impératif de la qualité Mais le problème des arômes est surtout lié à la qualité et les intrants locaux doivent répondre aux critères de qualité. "Nous sommes dans un créneau où l'on parle plus de qualité que de quantité" et "on ne peut pas baisser la qualité de nos produits". Expliquant la problématique des arômes, le président de l'Apab a indiqué qu'on n'achète pas de l'arôme comme on achète n'importe quel autre produit. La fabrication des arômes n'est pas quelque chose de simple et nécessite un savoir-faire. Le producteur d'arômes développe une recette secrète spécifique à chaque producteur, selon son cahier des charges. D'ailleurs, Ali Hamani a indiqué que les groupes internationaux installés en Algérie exigent que leurs fournisseurs doivent subir des audits pour être agréés par la maison mère. Au jour d'aujourd'hui, Ali Hamani ne semble pas convaincu que les capacités de production actuelles des aromaticiens locaux peuvent satisfaire toute la demande des opérateurs économiques en quantité et en qualité, surtout pour les arômes naturels. D'ailleurs, il s'est demandé comment autoriser l'importation de la banane et en même temps interdire l'importation de la pulpe de banane. C'est pour cela que le président de l'Apab a précisé que ces aromaticiens locaux ont besoin de temps pour pouvoir répondre aux spécificités de chaque producteur. Il aurait été plus judicieux, selon lui, d'accorder un temps pour permettre aux aromaticiens locaux de développer les réponses aux producteurs. Pour l'instant, aucune mesure n'a été prise, selon Ali Hamani. Toutefois, cette réunion a suscité l'espoir de voir les choses s'arranger, selon lui. Un espoir qui est entre les mains du ministère du Commerce dont dépendra la décision finale concernant la modification de la liste des produits suspendus à l'importation. Un sujet évoqué à l'APN jeudi, soit le même jour de la réunion, par le ministre Mohamed Benmeradi, qui a parlé de l'actualisation périodique de la liste de ces marchandises suspendues d'importation. Saïd Smati