Les industriels dans ce créneau ont besoin de temps pour pouvoir couvrir les besoins spécifiques des producteurs dans la filière boissons. Entrée en vigueur le 1er janvier dernier, la liste des produits interdits à l'importation continue de faire des mécontents. C'est en substance, ce qui est ressorti du débat tenu hier lors d'une journée portes ouvertes organisée par l'entreprise Arômes d'Algérie à son siège à Oued Smar. Présent à cette journée, le président de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), Ali Hamani, qui a insisté sur le fait qu'il n'est pas contre la protection de la production nationale à travers ce genre de mesures, a précisé, néanmoins, que "le problème est dans la manière avec laquelle la décision a été prise". Selon lui, c'est une décision hâtive prise sans concertation avec les acteurs de la filière. Il se demandera comment cette liste a été établie. Il s'est demandé comment autoriser l'importation de la banane et en même temps interdire l'importation de la pulpe de banane. D'ailleurs, Ali Hamani a indiqué qu'il a saisi par écrit le ministère dès la publication de cette liste. Concernant les arômes entrant dans la fabrication des boissons, Ali Hamani a alerté sur les conséquences directes de leur interdiction à l'importation. Cette décision constitue, d'après lui, une menace sur cette filière. Loin de remettre en cause les capacités des aromaticiens locaux à répondre à la demande, le président de l'Apab a précisé que ces derniers ont besoin de temps pour pouvoir répondre aux spécificités de chaque producteur. Entre-temps, le producteur se retrouvera dans une impasse. Il aurait été plus judicieux, selon lui, d'accorder un temps pour permettre aux aromaticiens locaux de développer les réponses aux producteurs. Abondant dans le même sens, Abdelwahab Ziani, P-DG d'Arômes d'Algérie, a décortiqué le processus d'élaboration d'un arôme pour un producteur sur la base d'un cahier des charges bien spécifique. Abdelwahab Ziani qui est également président du Consortium algérien des fabricants d'arômes (Cafa), a indiqué que les aromaticiens locaux sont en mesure de répondre à la demande des producteurs autant ceux des boissons que ceux des yaourts et des biscuits. Mais, le consortium a besoin de temps pour le faire. À l'occasion il s'est félicité du rapprochement qui s'est opéré entre le consortium et l'Apab, estimant qu'il faut de la concertation et "ce que nous ne pouvons pas faire, on le dira". Abdelwahab Ziani qui a affiché clairement la volonté du consortium de protéger la filière, a estimé que ce qui n'est pas produit en Algérie doit être importé. Mais il faut que la filière récupère ses parts de marché perdues. La filière a été cassée par les importateurs qui ont bénéficié de largesses fiscales alors que les producteurs ont été surtaxés. Les importations des produits aromatiques représentent une facture de 120 millions d'euros. Selon le président du Cafa, pour 20 millions d'importation de matière première, les aromaticiens locaux peuvent faire économiser 100 millions d'euros. Pour sa part Abdallah Khennoufi, premier responsable de Laboref (producteur national d'émulsions et d'arômes), a indiqué que la part de marché des producteurs locaux ne dépasse pas les 12%. Son entreprise ne fonctionne qu'à 8% de ses capacités. La journée portes ouvertes d'hier a été l'occasion pour la presse de découvrir les installations de l'entreprise Arômes d'Algérie où plus de 300 références d'arômes alimentaires sont fournies. À l'occasion, Abdelwahab Ziani a souligné que depuis 2015 et à la demande de gros clients, Arômes d'Algérie a lancé le compound de fruits (mélange de fruits). Adapté à tous types d'applications de l'industrie agroalimentaire de fruits (jus de fruits, yaourts fruités, nappage de fruits, glaces aux fruits), ces compounds sont préparés à base de fruits naturels d'origine algérienne de haute qualité. Saïd Smati