Le bureau du Conseil national économique et social (Cnes), réuni hier, a pris acte de la démission de M. Mohamed-Salah Mentouri, intervenue il y a quelques jours. M. Salah Djenouhat, 1er vice-président de cette institution et secrétaire national de l'UGTA, chargé de l'organique et membre du RND, le parti dont Ahmed Ouyahia est le secrétaire général, a été désigné pour assurer l'intérim. Le bureau du Cnes a, par ailleurs, décidé en outre du report de la tenue de la 26e session plénière ordinaire du conseil, prévue initialement les 22 et 23 mai prochains à une “date qui sera fixée incessamment”. Des sources proches du Cnes soutiennent que la session interviendrait avant la fin du mois de juin. La même source précise que l'ordre du jour a été maintenu. Quatre dossiers seront examinés. Il s'agit du traditionnel rapport de conjoncture économique et social, un rapport sur la connaissance, un autre sur les ressources humaines et enfin le pacte économique et social. “Il y a eu une lecture erronée”, soutient cette source, de la démission du désormais ancien président du Cnes M. Mohamed-Salah Mentouri. Pour notre interlocuteur, le rapport sur le pacte national économique et social “ne dérange en rien le travail qu'entreprend actuellement la tripartite”. Pourtant, le président démissionnaire a souligné au journal El Watan que “le Cnes dérange quelque part, ce n'est un secret pour personne. C'est la raison pour laquelle on a tout fait pour le réduire au silence”, confirmant l'existence d'un malaise profond entre le Cnes et les pouvoirs publics. À maintes reprises, M. Mohamed-Salah Mentouri est monté au créneau pour réaffirmer “avec force” l'indépendance de l'institution qu'il présidait. Le Cnes, disait-il, “doit se soustraire des interférences de la conjoncture et s'émanciper de son emprise”. M. Mohamed-Salah Mentouri a su conférer au Cnes le statut qui était le sien : “Un espace fécond de débat contradictoire aux analyses sereines et objectives, à l'abri de toute surenchère et de considérations contingentes.” Le Cnes est aujourd'hui une institution respectée, créditée de rigueur et d'objectivité et saluée pour sa liberté de ton, rejetant le triomphalisme et le discours. Il s'est efforcé d'abord de devenir un espace de dialogue entre des forces économiques et sociales d'origines différentes et d'intérêts n'ayant pas, a priori, de fortes convergences. Il est respecté par toutes les instances des conseils économiques et sociaux d'Afrique et d'Europe. M. Mohamed-Salah Mentouri a eu à présider de 2001 à 2003 l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires, deux ans après sa création. Alger a abrité une importante rencontre de cette association sur le thème de la “Lutte contre la pauvreté”. Notre source évoque le processus de renouvellement des différentes composantes du Cnes. L'UGTA a déjà procédé au changement de ses représentants. Notre interlocuteur souligne que tous les groupes sociaux sont en fin de mandat depuis longtemps, y compris le groupe intuitae personae, dont la désignation relève de la présidence et du gouvernement. M. R.